La justice française a annulé jeudi pour vice de forme l'action judiciaire des enfants de l'ex-chef rebelle angolais Jonas Savimbi contre le jeu vidéo à succès Call of Duty qu'ils accusent de porter atteinte à l'honneur de leur père.

«Nous sommes déçus», ont déclaré l'un de ces enfants, Cheya Savimbi et leur avocate Me Carole Enfert à la lecture de la décision du tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine).

Dans ce jugement consulté par l'AFP, les magistrats ont constaté à la fois leur incompétence géographique et «la nullité de l'assignation», pour vice de forme, sans trancher le fond de l'affaire.

«Choqués» de découvrir leur père en «monstre» «barbare» dans une version de Call of Duty sortie en 2012 et enrichie en 2014, les trois enfants avaient attaqué au civil Activision Blizzard, la branche française basée en région parisienne de l'éditeur américain du jeu de tir nourri à la violence guerrière.

Problème pour les juges: les descendants n'ont pas notifié leur action en diffamation au procureur de la République, un garde-fou prévu par la loi de 1881 sur la liberté de la presse.

Les enfants n'entendent pas en rester là: «nous envisageons très fortement une action aux États-Unis», a fait savoir leur avocate, tout en se disant prête à «reprendre la procédure à zéro» en France.

Seigneur de guerre aussi charismatique que controversé, Jonas Savimbi avait dirigé d'une main de fer les rebelles de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), lors du conflit contre le colonisateur portugais puis lors de la guerre qui a déchiré le pays à partir de 1975.

À l'audience du 3 février, les enfants avaient dénoncé une «représentation particulièrement négative» et tronquée de leur père dans la version Black Ops II du jeu. «Chef de guerre» certes mais également «un leader politique» du temps de la Guerre froide, «l'ami de Mandela, Bush, Reagan», avait plaidé l'avocate à l'audience.

De son côté, l'éditeur avait balayé les arguments et «demandes excessives» de la famille en soulignant que le personnage, allié du héros, était présenté sous un jour «favorable» dans cette «oeuvre de fiction». «C'était un chef de guerre (...) on ne présente rien d'autre qu'une page de l'histoire à laquelle Savimbi a participé», avait rétorqué l'avocat d'Activision Me Étienne Kowalski.