Près de 33 ans après son lancement au Royaume-Uni, le ZX Spectrum, ancêtre des consoles de jeux actuelles, revient à la vie grâce à la mobilisation de ses fans sur L'internet.

Les 4000 exemplaires de cette nouvelle version modernisée, appelée ZX Vega, ont quitté cette semaine l'usine de SMS Electronics, dans la banlieue de Nottingham, pour être distribués aux premiers clients.

La machine, qui embarque 1000 jeux dans ses circuits, s'apparente à une manette rectangulaire noire, avec croix directionnelle rouge et huit boutons, que l'on connecte à sa télévision.

La société anglaise Retro Computers, épaulée par le créateur de la console, Lord Clive Sinclair, est à l'origine de ce projet, financé par une campagne de financement participatif.

Les créateurs s'étaient donnés deux mois pour lever les 100 000 livres (environ 204 765 dollars) nécessaires pour relancer la production de la machine, vendue 100 livres pièce. Ils ont obtenu cette somme en moins de 36 heures.

Cet engouement n'étonne guère David Levy, PDG de Retro Computers: «Les gens qui ont joué et aimé le Spectrum dans les années 80 ont envie de revivre cette expérience et veulent que leurs enfants voient ce à quoi ils s'amusaient il y a 30 ans».

Vendue à plus de cinq millions d'exemplaires, la ZX Spectrum avait fini par décliner au bout de quelques années, concurrencé par les deux géants japonais Nintendo et Sega.

«C'était la Playstation, la Xbox de l'époque», estime Jonathan Cauldwell, fan de la console depuis 30 ans.

À l'heure des jeux photoréalistes et des casques de réalité virtuelle, le retour de la machine est caractéristique d'une tendance forte dans le milieu du jeu vidéo: le «rétrogaming», ou le retour des jeux vidéos d'antan.

«Business de la nostalgie»

«Les jeux du Spectrum sont rapides à jouer et amusants, vous en choisissez un, vous y jouez, vous le reposez, et voilà!», s'enthousiasme Jonathan Cauldwell, son vieux Spectrum entre les mains et les yeux rivés sur une petite voiture en pixels qui tente d'échapper à la police.

À mille lieues des jeux proposés sur les consoles actuelles, «des trucs énormes et compliqués à jouer», regrette-t-il.

Plusieurs facteurs ont contribué au retour en grâce de ces vieux jeux aux concepts simples: l'émergence de la scène des développeurs indépendants, dont les budgets souvent limités imposent des limitations technologiques, mais aussi le boom des jeux sur mobiles, destinés à un public plus large que les passionnés, avec des concepts simples et accessibles.

Pour Damien Duvot, qui teste de vieux jeux vidéo dans des chroniques sur YouTube, il faut aussi chercher des explications du côté d'un manque d'inspiration des gros éditeurs: «On tourne en rond, et du coup on refait ce qui a marché dans le passé».

Mais pour le joueur qui souhaite (re)découvrir quelques pépites rétro, la quête peut vite s'avérer très coûteuse: de nombreux sites de ventes en ligne proposent d'anciennes consoles à des tarifs exorbitants.

«C'est ce que j'appelle le business de la nostalgie», peste Damien Duvot, qui donne également des conseils aux chineurs de vieilles cartouches dans ses chroniques. Il y a quelques années, je trouvais des jeux NES (console de Nintendo sortie à la fin des années 80 en Europe, NDLR) pour trois ou quatre euros. Aujourd'hui, certains sont vendus plusieurs centaines d'euros. C'est de la spéculation pure et simple». Sans compter le risque de tomber sur une console défectueuse ou des copies illégales.

En relançant le ZX Spectrum, Retro Computers s'attaque à ce marché parallèle tout en attirant de nouveaux joueurs.

De nouvelles ZX Vega seront produites à la rentrée, même si Retro Computers ne veut pas donner d'objectif de ventes, tandis que la réédition d'autres anciennes gloires du panthéon vidéoludique serait à l'étude.

Preuve que dans le monde du jeu vidéo, le Game Over n'est jamais définitif.