S'il fallait classer Dark Souls 2 dans un genre, ce serait bien «jeu d'action et de survie héroïque fantaisiste» et on y ajouterait un bel autocollant «pour masochistes uniquement» sur la boîte. Plutôt unique et interpellant comme genre, mais après Demons Souls et Dark Souls, les deux premiers titres de la série, est-ce que la sauce prend toujours?

OUI : UNE SÉRIE QUI GARDE SON ÂME

Dark Souls 2 marche, la plupart du temps, dans les mêmes pas ténébreux que Demons Souls et Dark Souls. Deux jeux de rôle/action à la troisième personne qui ont établi leur prestige sur leur difficulté sans borne. C'est dans la peau d'un chevalier, d'un brigand, d'un sorcier ou encore d'un clerc, pour ne nommer que ces catégories de personnages, que l'on se lance dans un long périple au coeur du royaume insolite et tourmenté de Drangleic. Un nouvel univers tentaculaire, dans lequel le scénario et l'exploration se livreront à nous selon l'évolution de notre personnage, mais aussi notre prise d'expérience personnelle. Qui ne se fera pas sans mourir des centaines de fois. Et là, je suis optimiste.

OUI : APPENDRE À DOMPTER LA MORT 

Avouons-le, mourir n'est pas à la mode. Pourtant, dans les Souls, mourir est la base de l'apprentissage et de l'accomplissement de soi. Pour les néophytes, dans les Souls, tous les ennemis vaincus donnent des âmes. Ces dernières sont la monnaie d'échange pour pouvoir améliorer et acheter des armes, des objets ou devenir plus puissant. Lorsqu'on meurt, on perd les âmes amassées. La seule façon de les récupérer est de nous rendre à nouveau à l'endroit de notre décès. C'est rarement facile. Les mécaniques de combat dans lesquels il faut bien analyser ses ennemis, connaître leurs routines, éviter les coups mortels, trouver les bonnes ouvertures ou profiter de l'environnement relèvent uniquement de nous et de notre talent. On en dit des mots interdits par la charte en jouant, on rage, mais la gratification de réussir est telle que l'on ne peut s'empêcher de poursuivre notre quête.

OUI : NE PAS ÊTRE SEUL À MOURIR

Comme ses prédécesseurs, Dark Souls 2 offre son lot de multijoueurs atypiques. Ce mode, accessible en tout temps en solo, est étroitement lié à l'univers afin de l'enrichir. En jouant, il arrivera de croiser les fantômes d'avatars de joueurs ou des messages (indices, conseils ou pièges) laissés au sol. Cependant, à l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai pu expérimenter les serments offerts par le jeu. Ces derniers incitent à emprunter plusieurs voies multijoueurs dont l'invasion du monde d'un autre joueur pour le tuer ou encore pour l'aider. Certains serments proposent des buts précis, tel que protéger une cloche ou obtenir le sang d'un autre joueur. D'autres serments, par exemple les sentinelles bleues, nous protègeront de l'envahissement d'autres joueurs. Le chat vocal est d'ailleurs possible en mode coopératif.

OUI : CE QUE DARK SOULS 2 DONNE, IL LE REPREND AUTREMENT

Nous aurions pu croire que le succès du premier Dark Souls aurait incité les concepteurs à céder à la tentation de rendre le jeu plus accessible. Il n'en est rien. Certes, la distance entre les points de sauvegarde (les fameux feux de camp) est rapprochée. Il est aussi possible de voyager instantanément d'un feu à un autre. En fait, les handicaps sont déplacés. Par exemple, le maximum de barre de vie diminue à chaque fois qu'on meurt. Il faut alors utiliser des effigies humaines qui sont plus rares qu'elles n'y paraissent. Les ennemis réapparaissent aussi un nombre de fois limité. Ce qui empêche de récolter des âmes au même endroit pour faire progresser notre personnage en expérience rapidement. En fait, si l'on meurt trop, le jeu devient tranquillement sans pitié et il peut arriver un moment où le désespoir pointe son nez. Le défi est ainsi renouvelé.

DOIT-ON Y JOUER ? OUI

S'aventurer encore au coeur de Dark Souls ne fait peut-être pas l'effet de la première fois. De plus, techniquement, bien que le moteur graphique soit rajeuni, il n'est toujours pas à la hauteur de ce qui se fait actuellement. Dark Souls 2 n'en reste pas moins un titre extraordinaire et conserve une continuité au sein de cette série unique. L'univers varié, l'architecture de niveaux (moins inspiré que les précédents titres), la jouabilité qui demande une implication sérieuse du joueur, l'accent britannique des acteurs rencontrés, le sentiment de solitude, les âmes des autres joueurs autour de nous et les messages qu'ils nous laissent au sol, bref, l'esprit du jeu, font de Dark Souls un périple mortel immersif et un défi personnel que les mordus adoreront relever au péril de leur santé mentale.

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Concepteur : From Software 

Éditeur : Bandai Namco 

Côte : T (16+) 

Console : PC, PS3, Xbox 360 

Sous-titres en français