Eidos Montréal aime bien mettre la main à la pâte sur des séries qui ont touché le coeur des gamers. Voilà trois ans, la boîte a redonné vie à la série Deus ex, datant du début des années 2000, et ce, avec éclat. Cette fois, c'est au tour de Thief, l'un des précurseurs du style infiltration, et qui n'avait pas connu de suite depuis 2004, d'être ressuscité. Eidos a-t-elle relevé le défi?

Non : À cause d'une intrigue qui se laisse désirer.

Thief remet en scène Garrett, un maître voleur égoïste qui profite des malheurs affligeant une cité anémique, qui ressemble à Londres du XIXe siècle, pour s'enrichir. C'est au cours d'une soirée de pillage habituelle que son acolyte Erin et lui seront témoins d'un rituel mystique qui dérobera la vie d'Erin et propulsera Garrett dans un état d'inconscience. Ce dernier s'éveillera un an plus tard et entreprendra une enquête sur les évènements de cette tragique soirée. Malheureusement, les indices qui conduisent à la réponse ultime s'avèrent parfois mal brodés ou tout simplement ennuyeux. Les cinématiques n'étant d'aucune aide, seuls les curieux qui lisent tous les documents qu'ils trouvent sur leur chemin s'y retrouveront.

Oui : Pour le plaisir d'être le maître voleur. 

Les adeptes de la gâchette et des missions pétaradantes ne sont pas le public cible de Thief. Garrett est un homme discret. Il prend son temps pour observer, se camoufle dans l'ombre et, comme une pie, vole tout ce qui brille. Plusieurs gadgets, principalement des flèches, lui servent dans sa profession. Il peut, entre autres, éteindre des torches avec des flèches d'eau, éblouir l'ennemi de ses flèches aveuglantes ou lancer une bouteille pour éloigner les gardes de son objectif. Le «swoop» lui permet également de réaliser une glissade sans faire de bruit. Affronter un groupe n'est pas sa devise. Il préférera qu'une proie soit isolée. Surtout que le combat au corps à corps n'est pas des plus évidents. Une petite lacune de ce genre de jeu à la première personne. Les commandes sur console sont d'ailleurs atypiques et demandent un certain temps de familiarisation. Sauter, surmonter un obstacle ou s'accrocher à une corde se fait en maintenant une seule touche.

Oui : Pour une ville sublime, remplie de détails, et la polyvalence de la jouabilité.

Eidos Montréal a fait un travail sublime en ce qui a trait au graphisme du jeu. La ville, que l'on visite surtout de nuit sous des éclairages réalistes, est très détaillée. Très labyrinthique, au sol comme en hauteur, elle mérite d'être explorée. On déambule entre les secteurs par des chemins prédéfinis. Impossible de monter sur une caisse ou de sauter sur un toit s'il n'y a pas un indice graphique qui indique que cela peut se faire. Thief est un jeu et cette règle en fait partie. La cité nous fait également croiser plusieurs chargements. Toujours est-il que la ville, comme les missions principales, recèle de nombreux trésors, missions secondaires et énigmes à découvrir. De plus, les plus maniaques peuvent non seulement élever le degré de difficulté, mais aussi personnaliser la jouabilité. Par exemple, ils peuvent retirer le mode concentration, les icônes de menace ou la surbrillance des éléments.

Oui et non : parce qu'il n'y a rien de parfait

J'ai testé les versions PC et PS4 de Thief et l'éditeur m'a bien informé que ces dernières n'étaient pas définitives. Surtout la version PC, qui, soit dit en passant, offre la meilleure qualité graphique. J'ai toutefois rencontré certains éléments qui ont entaché mon expérience, comme le son ambiant, par exemple une discussion entre deux gardes, qui disparaît quand on change de pièce, ou des gardes qui restent figés sur place, ce qui nous oblige à revoir notre approche ou recharger la partie. Des ralentissements pendant les cinématiques, des textures qui apparaissent par couches au moment du chargement des niveaux et la synchronisation des voix plutôt douteuse sont d'autres irritants. Bref, il manque un peu de finition à Thief pour que l'immersion soit optimale, mais rien qui ne peut ou n'a pas déjà été corrigé avec la retouche offerte depuis le lancement du jeu. Enfin, on l'espère.

Doit-on y jouer ? Oui 

Thief est un bon jeu. Pas parfait, mais généreux dans la façon dont on peut y jouer et dans les secrets et les missions secondaires qu'il recèle. Il nous fait croire que nous sommes un vrai voleur. C'est un jeu qui demande d'être patient et méticuleux. Parcourir les toits de la cité, jouer au chat et à la souris ou voler en toute discrétion est vraiment amusant. Pour peu que l'on oublie l'intrigue principale, il ne donne pas l'impression de nous voler les 12 à 15 heures qu'on y consacre.

*** 1/2

Concepteur : Eidos Montréal 

Éditeur : Square Enix 

Console : PS3, Xbox 360, PS4, Xbox One et PC 

Cote : M (17+) Jeu en français 

Testé sur PS4 et PC