L'action du groupe japonais de jeux vidéo de Nintendo a chuté de 6% lundi à la Bourse de Tokyo, après avoir publié vendredi un sévère avertissement sur résultats à cause de ventes désastreuses de consoles.

À la clôture du marché à 15h00 (1h00 am à Montréal), le titre de Nintendo a dévissé de 6,14% à 13 745 yens.

Dans les premiers échanges, l'action avait plongé jusqu'à 18,43%, mais elle s'est un peu reprise dans le courant de la journée.

Vendredi, le créateur de Mario et Pikachu a annoncé qu'il s'attendait désormais à une perte nette de 25 milliards de yens pour l'exercice comptable du 1er avril 2013 au 31 mars 2014, contre un bénéfice de 55 milliards espéré auparavant.

«Les investisseurs espéraient une reprise vigoureuse mais l'entreprise est clairement à la traîne» de ses concurrents, a expliqué à l'AFP Hirokazu Kabeya, courtier chez Daiwa Securities. «Les ventes de consoles comme celles de jeux ont été mauvaises. C'est comme si le marché disait 'non' à la stratégie du groupe dans son ensemble.»

L'entreprise a expliqué vendredi avoir vendu moins de consoles et de jeux que prévu lors des fêtes de fin d'année et a drastiquement révisé en baisse ses objectifs de ventes pour l'ensemble de l'exercice.

Nintendo pensait notamment vendre 9 millions de sa nouvelle console de salon Wii U dans l'année jusque-là, mais il estime à présent qu'il n'en écoulera que 2,8 millions. Le nombre de jeux associés achetés devrait plafonner à 19 millions, deux fois moins qu'envisagé auparavant.

Sa console de poche 3DS pourrait n'être achetée qu'à 13,5 millions d'unités dans le monde durant l'exercice complet, contre 18 millions dans les précédentes estimations, avec 66 millions de jeux pour cette petite machine à deux écrans, soit 14 millions de moins qu'attendu avant.

Ces résultats sont d'autant plus décevants que les autres géants du jeu vidéo s'en sortent mieux.

Le japonais Sony assure que sa console de salon PlayStation 4 lancée hors du Japon fin 2013 bénéficie d'un excellent démarrage, en s'appuyant sur sa grande puissance technique et sa bonne connectivité à internet. Il a assuré le 7 janvier en avoir écoulé 4,2 millions d'exemplaires depuis ses débuts en novembre.

Microsoft s'est dit lui aussi satisfait du lancement de sa Xbox One, sortie quasi simultanément: le groupe américain en a vendu trois millions d'exemplaires depuis le 22 novembre, a-t-il annoncé le 6 janvier.

Pour Nintendo, l'inquiétude est de mise car le groupe ne peut plus arguer, comme ces dernières années, des difficultés liées à la vigueur du yen: la devise japonaise a chuté depuis la fin 2012 de plus d'un quart face au dollar et à l'euro, ce qui dope les revenus à l'étranger des groupes japonais lorsqu'ils les convertissent en monnaie nippone.

Malgré ce facteur favorable, le chiffre d'affaires de Nintendo pourrait n'atteindre que 590 milliards de yens (4,5 milliards d'euros) pendant l'exercice en cours, contre 920 milliards escompté auparavant.

Le pionnier des jeux vidéo doit annoncer un nouveau plan stratégique à la fin du mois. Il traverse ces dernières années une passe extrêmement difficile à cause de la concurrence des téléphones intelligents.

Ces petits appareils multimédias remplacent très bien les consoles pour les joueurs occasionnels. Cette rivalité est d'autant plus forte que les jeux pour mobiles sont meilleur marché, voire gratuits.

D'après M. Kabeya, l'action de Nintendo est soutenue néanmoins par les liquidités abondantes dont dispose l'entreprise, ce qui a empêché au titre de plonger encore davantage. Bien que «ses finances risquent de se tendre de plus en plus si la situation reste en l'état», la firme est pour l'instant à l'abri d'un dépôt de bilan, a estimé le courtier.