Un nouveau chapitre de l'histoire du jeu vidéo s'ouvre vendredi avec le lancement de la PlayStation 4, de Sony. Microsoft suivra la semaine prochaine avec la Xbox One. Les amateurs n'avaient jamais eu à attendre si longtemps pour une nouvelle génération de consoles. Pourtant, ils n'auront pas droit à une révolution, mais à une simple évolution.

L'iPhone n'était encore qu'un projet dans les laboratoires d'Apple quand Microsoft et Sony ont lancé la Xbox 360 et la PlayStation 3, en 2005 et 2006 respectivement. Le site Facebook, tout jeune, était encore réservé aux étudiants de certaines universités. Inutile d'expliquer que l'univers technologique a passablement évolué depuis.

On serait donc portés à croire les nouvelles consoles bourrées de promesses inimaginables sur les appareils actuels. Ce n'est pas le cas. Certes, la PlayStation 4 et la Xbox One sont nettement plus puissantes que la PlayStation 3 et la Xbox 360, jusqu'à 10 fois, selon des estimations préliminaires. Mais la cassure n'est pas aussi nette que lors des changements de génération précédents.

Premières consoles conçues spécifiquement en fonction de l'internet, la PlayStation 3 et la Xbox 360 en ont profité pour évoluer avec les années. Finie l'époque où les consoles étaient gelées dans le temps. L'ajout de commandes par le mouvement (Kinect et PlayStation Move), de services comme Netflix ou de boutiques multimédia en ligne en sont de bons exemples.

Puissance et partage

L'ancienne génération a apporté aux amateurs de jeux vidéo les premiers jeux en haute résolution, le jeu en ligne et les manettes sans fil, entre autres. On retiendra essentiellement de la PlayStation 4 et de la Xbox One que leur puissance additionnelle permet, en plus d'améliorer la qualité d'image, l'ajout de fonctions sociales comme le partage d'extraits vidéo ou même la diffusion en direct de ses exploits.

Les deux nouvelles consoles ouvrent aussi toute grande la porte aux tablettes et aux téléphones intelligents. Quelques-uns des premiers jeux conçus pour ces consoles, notamment Assassin's Creed: Black Flag, d'Ubisoft, font appel aux tablettes à titre de «deuxième écran».

Les joueurs peuvent les utiliser simultanément avec leur manette ou lorsqu'ils sont loin de leur console. Dans le premier cas, on déléguera au deuxième écran des fonctions qui s'y prêtent bien, comme la consultation d'une carte géographique. Dans le deuxième, on offrira des modes de jeux allégés et adaptés, le commandement d'une armée ou le contrôle d'un drone de surveillance, par exemple.

Du côté de la PlayStation, ces fonctionnalités s'étendent aussi à la console portable PlayStation Vita. Dans la plupart des cas, la Vita permettra même de jouer à la version complète d'un jeu depuis une autre pièce de la maison, si le téléviseur est occupé.

Du côté de la Xbox One, l'innovation particulière touche la télévision. Installée entre votre décodeur de télévision numérique et votre télévision, la console permettra de passer du jeu vidéo à une émission de télé en un clin d'oeil, sans devoir modifier l'entrée audio-vidéo utilisée par le téléviseur.

La Xbox One permettra aussi de partager l'écran entre un jeu et une autre application, notamment Skype.

La console de Microsoft mise aussi énormément sur une version améliorée du capteur de mouvement Kinect.

PlayStation 4

(+) Le prix

À 400 $, la PlayStation 4 est 100 $ moins chère que sa rivale. Même en ajoutant la caméra offerte en option, on économise encore environ 40 $. Plusieurs acheteurs vont arrêter là la comparaison et préférer l'offre de Sony.

(+) Un souffle créatif

De plus en plus, il y a deux types de jeux pour consoles. D'un côté, les franchises connues, éditées à répétition avec des budgets faramineux. De l'autre, des productions plus modestes, menées par des équipes très créatives. Sony a donné un solide appui financier aux créateurs du deuxième type et c'est sur la PlayStation 4 qu'on trouvera, de loin, le plus grand nombre de jeux originaux au lancement.

(+) Le jeu à distance

Difficile de prédire si cette fonction trouvera vraiment écho auprès de la communauté du jeu vidéo, mais elle est pour l'instant unique à la PlayStation 4. Sur papier, l'idée de pouvoir jouer à tous ses jeux même si le téléviseur est occupé est intéressante, malgré qu'elle nécessite l'achat supplémentaire d'une console portative Vita.

(-) À court de gros titres

Si Sony a la main haute sur le nombre de titres originaux offerts au lancement, elle s'incline pour ce qui est des superproductions. Knack et Killzone, c'est bien.

(-) Très centrée sur les jeux

En date d'aujourd'hui, la PlayStation 4 ne peut servir de relais pour présenter sur son téléviseur les vidéos, photos ou pièces musicales entreposées sur son ordinateur. Ce n'est qu'un signe des lacunes de la console dans son rôle de centre multimédia.

(-) Le jeu en ligne

Des deux grands acteurs, c'est Microsoft qui s'est taillé la meilleure réputation pour le jeu en ligne, même si le service a toujours été payant. Sony compensait en offrant son service gratuitement. Ce n'est plus le cas avec la PlayStation 4 et il faudra maintenant convaincre les joueurs que le jeu en ligne est aussi bon sur PlayStation 4 que Xbox One.

PHOTO FOURNIE PAR L'ENTREPRISE

La PlayStation 4

Xbox One

(+) La Kinect

Si la Xbox One coûte plus cher, c'est en grande partie à cause du capteur Kinect, obligatoirement inclus. Microsoft peut ainsi garantir aux développeurs de jeux que tous les propriétaires de sa console auront une Kinect et les inciter à concevoir leurs oeuvres en conséquence. Cette force pourrait toutefois devenir une épine dans le pied. La première salve de jeu fait une utilisation très accessoire de la Kinect. Si ça ne s'améliore pas, le prix plus élevé prendra le dessus et Microsoft aura perdu son pari.

(+) L'option télé

En laissant les utilisateurs faire transiter leur signal télé par sa console, Microsoft leur permet de passer rapidement de la télé au jeu et vice-versa. Conjointement avec la Kinect, elle permet aussi de contrôler sa télé par la voix. Qui sait quelles autres fonctionnalités seront rendues possibles dans le futur?

(+) Le nuage

Microsoft permettra aux créateurs de déléguer certaines opérations à des serveurs extérieurs à la console, qui se concentrera sur d'autres opérations. Il faudrait toutefois devoir patienter quelques années avant de véritablement pouvoir constater, s'il y a lieu, les bienfaits de cette technologie.

(-) Une réputation à refaire

Les premières esquisses de la Xbox One prévoyaient des mécaniques révisées pour l'achat et la revente de jeux usagés, entre autres. Celles-ci ont valu à Microsoft la haine des amateurs, au point où l'on a dû mener un virage à 180°. La confiance des amateurs est toutefois endommagée.

(-) Le prix

Incontournable critère d'achat, le prix ne favorise pas la Xbox One, 100 $ plus chère que sa rivale. S'il fallait que le capteur Kinect, grand responsable de cet écart, ne soit pas à la hauteur des attentes, Microsoft aura bien de la difficulté à surmonter cet obstacle.

(-) La puissance

En ne se fiant pour l'instant qu'aux caractéristiques techniques rendues publiques, les experts estiment que la Xbox One est légèrement désavantagée par rapport à sa rivale, surtout à cause du type de mémoire utilisé. Reste à voir si cet écart se traduira réellement dans la qualité des jeux, ce qui semble peu probable.

PHOTO REUTERS

La Xbox One

PS4 Dualshock 4

Depuis la première PlayStation, la manette Dualshock de Sony n'avait subi que quelques améliorations. La Dualshock 4 de la PS4 a, pour la première fois, un tout nouveau design. Les manches analogiques sont plus éloignés l'un de l'autre et la manette est plus massive. On remarque rapidement que la prise en main est plus confortable. Les gâchettes ainsi que l'embout des manches sont maintenant concaves. Il y a également un pavé tactile au centre ainsi qu'une lumière à l'avant. Cette dernière peut changer de couleur et être reconnue par la caméra PlayStation. Nous avons remarqué un temps de réponse entre le pavé tactile et le jeu lors de notre expérience avec Assassin's Creed 4. Histoire à suivre.

PHOTO AGENCE FRANCE PRESSE

Manette Xbox One

La manette de la Xbox 360 était adorée par les joueurs. Déjà très confortable, elle garde son design initial. Microsoft s'est contenté de redessiner quelques éléments telles la croix directionnelle (le D-Pad) et les manches analogiques. Chacun des manches est muni d'un moteur de vibration afin d'augmenter le degré d'immersion dans les jeux. Malheureusement, la manette utilise, comme sur celle de la Xbox 360, deux piles AA. Il aurait été préférable qu'elle soit munie d'une pile rechargeable à l'instar de la Dualshock 4.

- Kevin Massé

PHOTO AGENCE FRANCE PRESSE