Le patron du groupe Nintendo, Hiroshi Yamauchi, l'un des pères japonais du jeu vidéo est décédé jeudi à l'âge de 85 ans, d'une pneumonie, selon un communiqué.

À la tête du groupe aujourd'hui centenaire de Kyoto pendant plus d'un demi-siècle (de 1949 à 2002), ce patriarche a permis à Nintendo de devenir dans les années 1980 un pionnier du jeu vidéo, une industrie naissante qui a métamorphosé l'entreprise spécialiste des cartes à jouer.

Né à Kyoto, Hiroshi Yamauchi était étudiant à l'Université Waseda de Tokyo quand il reprit l'affaire familiale à l'âge de 22 ans. C'est sous son ère que Nintendo a pris le tournant de l'électronique.

«Il faut qu'on développe des jeux vidéo»: c'était en novembre 1981, M. Yamauchi s'adressa ainsi à l'un de ses subordonnés, Masayuki Uemura, aujourd'hui âgé de 70 ans.

«Je veux une machine qui laisse les rivaux loin derrière pendant trois ans», ajouta le chef.

Obéissant, M. Uemura prit ainsi la tête d'une équipe qui développa ce qui allait devenir en 1983 au Japon la première console de jeu de salon familiale par excellence, la Famicom écrue et grenat (Nintendo Entertainment System - NES à l'étranger).

Les 30 ans de cet objet-culte pour les Japonais viennent tout juste d'être fêtés et le nom Yamauchi était ainsi revenu dans la presse au mois de juillet dernier.

Tous les médias nippons ont en outre rendu jeudi soir hommage à M. Yamauchi qui restera une figure tutélaire dans le monde du divertissement multimédia japonais.

Après la Famicom (Family Computer) vinrent les machines de poche Game Boy et d'autres consoles par la suite, accompagnées d'une multitude de jeux et héros emblématiques de la marque (Mario, les Pokemon, Zelda, etc.).

Cet homme était aussi un passionné de base-ball qui avait même investi en 1992 à titre personnel dans l'équipe américaine Seattle Mariners dont il devint le principal actionnaire.

À la tête de Nintendo pendant 53 ans, Hiroshi Yamauchi a cédé la place en 2002 à Satoru Iwata, l'actuel dirigeant du groupe. «Monsieur Yamauchi nous a appris qu'être différent a de la valeur», a déclaré celui-ci dans un communiqué.

«Nous allons continuer à transformer Nintendo avec souplesse d'une époque à l'autre, comme l'avait fait M. Yamauchi, et Nintendo, en tant que groupe, maintiendra son esprit vivant».

M. Yamauchi, qui était devenu conseiller spécial du groupe, s'en va alors que Nintendo traverse une phase plus délicate due à la concurrence des jeux sur téléphones intelligents et à un marché segmenté plus difficile à toucher.

L'ex-maître de Nintendo s'est éteint quelques jours après un autre grand homme de l'industrie nippone, Eiji Toyoda, meneur de l'expansion internationale du constructeur d'automobiles japonais Toyota.

Ce décès de M. Yamauchi intervient alors que se tient depuis jeudi dans la banlieue de la capitale nippone le Tokyo Game Show, grand-messe japonaise du jeu vidéo à laquelle la firme Nintendo n'a paradoxalement jamais pris part.