Un braqueur, un escroc et un déséquilibré écumant la Californie sont les héros du 5e opus de la série des Grand Theft Auto, le jeu vidéo le plus cher jamais réalisé et le plus attendu de l'année, qui est sorti mardi dans plusieurs pays.

Le coût de sa création est estimé à plus de 200 millions d'euros (270 millions de dollars) par la presse, soit un budget comparable à celui des blockbuster hollywoodiens.

Ce nouvel épisode offre quelques surprises aux habitués du genre, dont la présence de trois personnages: Michael, un ancien braqueur, Franklin, un jeune escroc, et Trevor, un déséquilibré.

Le trio fait équipe pour une série de braquages dans un univers où Los Santos, version revisitée de Los Angeles, constitue leur principal terrain d'action.

C'est «la chasse au dollar tout puissant dans une Californie du Sud réinventée», résume la société créatrice, Rockstar Games.

L'attente a été savamment entretenue au fil des mois par le label américain qui signe le cinquième volet de la série GTA, dont le premier, en 1997, avait immédiatement provoqué la polémique. Car pour gagner, il faut tricher et tuer.

Plus de cinq ans après Grand Theft Auto IV et les aventures d'un immigré des Balkans dans une ville inspirée de New York, le nouvel épisode envoie le joueur sous le soleil californien.

Comme à l'accoutumée avec GTA, outre les missions à accomplir, le joueur peut aller et venir dans la ville et s'amuser: chasse, tennis, virées en voiture de sport, en jet-ski, en hélicoptère ou en avion, accompagnés de dialogues «colorés». On peut même y suivre des cours de yoga...

Un vrai phénomène culturel

Rockstar Games n'en a pas dit beaucoup plus, distillant au compte-gouttes des vidéos pour exciter la curiosité.

La tactique semble gagnante: grâce aux pré-commandes, le jeu était ainsi en tête des ventes chez plusieurs revendeurs en ligne avant même sa sortie et des files d'attente se formaient dès samedi devant quelques boutiques.

De nombreux magasins de par le monde avaient prévu d'ouvrir à minuit, pour satisfaire au plus tôt les plus accros.

A Sydney, premier pays à le vendre, le distributeur EB Games a organisé une fête à minuit en plein air, écourtée par la pluie, qui n'a toutefois pas fait fuir les vrais fans.

«Je viens juste de traverser un véritable orage pour mettre la main sur le jeu», écrit Ryan Nero sur son compte Twitter.

Au Royaume-Uni, le distributeur Amazon a déjà vendu l'ensemble des copies dont il disposait, et de nombreux fans ont pris leur journée mardi pour pouvoir tester le jeu, preuve de l'engouement qu'il suscite, qui a aussi provoqué une impressionnante bousculade à Tillburg, aux Pays-Bas, où plus de 700 personnes avaient passé la nuit avant l'ouverture.

Plus grave, un jeune homme qui avait été l'un des premiers à acheter le jeu dans le nord de Londres a été gravement blessé après avoir été frappé à coup de brique et poignardé par un ou plusieurs agresseurs qui se sont emparés du logiciel et de son téléphone.

GTA V ne sera disponible au Japon qu'en octobre, en raison du délai nécessaire pour la traduction des dialogues. Cette franchise est appréciée, à l'aune du succès souvent mitigé des jeux vidéo occidentaux au Japon, qui préfère Super Mario ou Final Fantasy, indique Hisakazu Hirabayashi, analyste du secteur chez InteractKK.

Le jeu n'est disponible pour le moment que sur deux supports, la Playstation 3 et la Xbox 360, mais pourrait damer le pion en termes de recettes en 2013 à une autre série majeure du jeu vidéo, Call of Duty, de l'éditeur américain Activision, disponible sur toutes les machines du marché.

Début octobre, Rockstar Games ajoutera une pierre à l'édifice avec GTA Online, une nouvelle fonctionnalité qui donnera la possibilité aux possesseurs de Grand Theft Auto V de prolonger la durée de vie du jeu en affrontant d'autres joueurs sur internet.

«GTA V mérite bien d'avoir attendu cinq ans», a estimé auprès de l'AFP John Houlihan, responsable numérique de computerandvideogames.com. «Le graphisme est sensationnel. On a vraiment l'impression de se déplacer dans un Los Angeles virtuel».

«GTA V est vraiment un phénomène culturel, il y a des gens qui vont prendre des jours ou toute une semaine de congé pour pouvoir jouer», assure-t-il.

Grand Theft Auto IV avait rapporté 500 millions de dollars, un record, la semaine après sa sortie en avril 2008.

Depuis ses débuts, les jeux de cette franchise ont été vendus à 114 millions d'exemplaires.