Le géant japonais du jeu vidéo Nintendo a annoncé mercredi être revenu dans le vert au terme des 9 premiers mois de l'année, mais a averti que ses ventes annuelles allaient être très inférieures à ses espoirs à cause d'un manque d'enthousiasme pour ses nouvelles consoles.

«Nous avons revu nos chiffres car les ventes de la période de Noël ont été inférieures aux attentes», a expliqué Nintendo dans un communiqué.

La nouvelle Wii U lancée en fin d'année dernière a pris un mauvais départ, tout comme la machine de poche 3DS qui va fêter ses deux ans, a reconnu mercredi le groupe japonais, à la peine dans un monde du jeu vidéo en pleine mutation.

La Wii U s'est écoulée à 3,06 millions d'exemplaires depuis sa sortie en novembre à l'étranger et en décembre au Japon, mais cela ne suffira pas pour atteindre l'objectif de 5,5 millions d'unités vendues d'ici à fin mars. Nintendo ne mise plus que sur 4 millions.

Les jeux associés développés par Nintendo ne devraient s'écouler qu'à 16 millions d'unités au lieu de 24 millions durant l'exercice en cours.

Selon le groupe de Kyoto, les joueurs potentiels n'ont pas encore compris l'intérêt de la Wii U comparée à la précédente version, la Wii, qui a séduit un très large public et s'est vendue à près de 100 millions d'exemplaires depuis sa commercialisation en 2006.

Avec une manette à écran tactile (Gamepad), la Wii U est censée offrir de nouvelles façons de jouer qui rappellent celles des consoles portables.

Nintendo prévient en outre que les ventes annuelles de 3DS, console de poche à deux écrans dont un à affichage en relief, devraient plafonner à 15 millions d'exemplaires au lieu de 17,5 millions, sans doute parce que des joueurs qui avaient acquis la précédente DS ne perçoivent pas d'emblée la différence.

Quant aux logiciels afférents estampillés Nintendo, seulement 50 millions d'achats sont désormais prévus cette année budgétaire contre 70 millions dans les précédentes estimations datant d'octobre.

Malgré des jeux à grand succès, comme les sagas Mario ou Pokemon, l'insuffisance de nouveaux titres-phares empêche l'enclenchement d'un cycle vertueux où l'attrait pour les jeux entraîne l'achat des consoles qui elles-mêmes deviennent un prétexte à l'acquisition d'autres jeux.

Nintendo a beau proposer en téléchargement des petits amusements peu coûteux, les plus sophistiqués, onéreux à concevoir, restent encore chers.

Les joueurs sont en outre de plus en plus attirés par des téléphones portables «couteaux-suisses» du type iPhone de l'américain Apple pour lesquels existent des milliers de divertissements, en général meilleur marché, quand ils ne sont pas tout bonnement gratuits.

Le pionnier des consoles de jeu de poche, qui a déjà vécu deux années noires depuis 2010, promettait un fort rebond durant l'exercice en cours entamé le 1er avril 2012 et qui s'achèvera le 31 mars 2013.

Les prévisions annoncées mercredi ruinent ses espoirs.

Son chiffre d'affaires devrait ne pas dépasser 670 milliards de yens au lieu de 810 milliards auparavant attendus.

Malgré ces déceptions, Nintendo peut se réjouir d'une chose: la baisse du yen ces dernières semaines.

Pour cette firme qui encaisse les trois quarts de ses recettes hors du Japon, les variations, mêmes minimes, des cours des changes, ont un impact important sur ses comptes. N'eut été le flux du yen qui s'accentue, le résultat final pour les neuf premiers mois de l'année se serait encore inscrit en rouge.

Après un gain net des trois premiers trimestres entièrement dû à la variation dans le bon sens du cours des monnaies, Nintendo mise sur cette tendance pour rester dans le vert en fin d'exercice.

La firme de Kyoto table à présent sur un profit net annuel de 14 milliards de yens (contre 6 milliards auparavant espérés), après être revenue dans le vert à l'issue des neuf premiers mois de l'exercice avec un gain net de 14,54 milliards de yens (138 millions d'euros).

Mais le groupe restera dans le rouge sur le plan opérationnel avec un déficit annuel de 20 milliards de yens redouté (contre un profit d'autant auparavant espéré), après une perte d'exploitation de 5,86 milliards pour les neuf premiers mois.