Le géant de l'électronique Sony a annoncé de nouvelles mesures de sécurité pour protéger ses dizaines de millions de clients du réseau PlayStation, après une attaque pirate sans précédent qui fait craindre des vols de données bancaires.

Le groupe japonais a évoqué dimanche «un logiciel de surveillance automatique pour se défendre contre de nouvelles attaques, une amélioration de l'encryptage des données, des moyens plus perfectionnés de détection des intrusions sur le réseau et l'ajout de nouveaux pare-feux».

Il a aussi demandé aux utilisateurs de changer de mot de passe et leur a «vivement recommandé» de changer leur identifiant et mot de passe d'autres services en ligne, s'ils utilisaient les mêmes que pour le PlayStation Network.

Sony est sur le pied de guerre depuis l'attaque subie entre les 17 et 19 avril par son portail interactif reliant la PlayStation 3 (PS3) à des jeux ou des films en ligne, un système comptant pas moins de 77 millions de souscripteurs dans le monde.

Les pirates informatiques se sont emparés de données des utilisateurs, notamment leur date de naissance et mot de passe, et le groupe n'a «pas exclu la possibilité» que des coordonnées bancaires aient pu être dérobées, bien qu'il n'en dispose d'«aucune preuve actuellement».

Sony a aussi suggéré à ceux qui avaient fourni leurs coordonnées bancaires «de regarder leurs relevés et de surveiller l'historique de leurs achats par cartes bancaires», craignant des usurpations d'identité.

Le groupe nippon a en outre évoqué, sans autres précisions, un possible «soutien» aux clients qui seraient obligés de changer de carte de crédit.

Signe de l'extrême sensibilité du sujet, les dirigeants de Sony ont tenu une conférence de presse un dimanche, au milieu de la période nippone de la «Golden Week», riche en jours fériés. L'action du groupe a chuté de 8% la semaine passée en Bourse, et ses chefs ont voulu rassurer les investisseurs avant que la place financière tokyoïte ne rouvre lundi.

La sécurité des données fournies par les utilisateurs des services en ligne est «une priorité» de Sony qui va tout mettre en oeuvre pour «regagner leur confiance», a assuré le président du département grand public de l'entreprise, Kazuo Hirai, successeur en puissance du PDG du groupe Howard Stringer.

Il a expliqué que le groupe nippon s'appuyait sur des firmes expertes dans la sécurité informatique, tout en coopérant avec les autorités de plusieurs pays, notamment le FBI aux Etats-Unis où sont regroupés le plus grand nombre d'utilisateurs. Des enquêtes officielles ont aussi été lancées ou sont sur le point de l'être par la Grande-Bretagne, la France, l'Australie et Hong Kong.

M. Hirai a annoncé en outre la nomination d'un «M. Sécurité informatique» afin d'accélérer, à l'avenir, le traitement des informations relatives à la piraterie.

Sony compte rapidement relancer son réseau PlayStation, arrêté depuis le 20 avril, en commençant dès la première semaine de mai, par étape et par région, une opération qu'il espère achever d'ici à la fin du mois, comme pour son service de musique en ligne Qriocity stoppé pour les mêmes raisons.

Cette attaque informatique intervient à un moment délicat pour Sony, confronté aux conséquences du terrible séisme et du tsunami géant du 11 mars qui ont entraîné l'arrêt temporaire de dix de ses usines dans le nord-est du Japon et l'ont contraint à repousser à fin mai la publication de ses résultats financiers pour l'année budgétaire 2010-2011.

Le groupe devra assumer le coût du renforcement de ses systèmes de sécurité informatiques, des indemnisations éventuelles de ses clients et de l'arrêt ponctuel de ses services en ligne. M. Hirai a souligné néanmoins qu'il était trop tôt pour évaluer les conséquences comptables de ce problème.