La fontaine de Trévi inexistante, le toit de la Basilique Saint-Pierre en construction et le Colisée dans un piteux état: la Rome virtuelle du jeu vidéo Assassin's Creed Brotherhood, version début du XVIe siècle, est loin de ressembler à celle des guides touristiques actuels.

Ezio Auditore da Firenze, le héros du deuxième volet, occupe une nouvelle fois le rôle central dans ce troisième opus, présenté dans la Ville éternelle et disponible le 16 novembre en Amérique du Nord et deux jours plus tard en Europe. Devenu un maître assassin, il continue sa lutte contre les Templiers à Rome, après les avoir combattus à Florence et Venise.

Ruelle par ruelle, le joueur progresse au sein d'une foule compacte: les mendiants réclament de l'argent, les gardes surveillent les agissements de chacun, les médecins et leur masque au long bec proposent de quoi se soigner...

Pour aller plus vite, Ezio escalade les immeubles et saute de toit en toit, passant devant le Panthéon ou le Forum. La vue sur l'immensité de la cité est alors imprenable.

Au loin, le château Saint-Ange, point culminant de cette reproduction virtuelle, domine la ville. À l'opposé, le gigantesque Colisée se détache également. S'il a atteint un certain point de l'aventure, le joueur doit s'y infiltrer pour accomplir une mission.

Première surprise lorsque Ezio s'en approche: le célèbre édifice, dévasté par plusieurs tremblements de terre et non réhabilité à l'époque, est rond et non pas elliptique.

«Nous avons conçu trois versions du monument. Nous avons finalement opté pour celle-ci notamment en raison des contraintes matérielles imposées par (les consoles de jeu) Playstation 3 et Xbox 360», explique à l'AFP devant le Colisée le directeur créatif du jeu Mohammed Gambouz, membre du studio montréalais de l'éditeur français Ubisoft qui a créé la série.

Du doigt, il désigne l'Arc de Titus à quelques centaines de mètres et rajoute: «De la même manière, nous avons mélangé plusieurs arcs romains pour n'en faire qu'un seul qui n'existe pas en vrai».

Un peu plus tard, depuis le Forum, il insiste sur la nécessité de modifier les proportions des éléments de la ville pour les faire coexister sur la carte du jeu.

«L'Arc de Constantin a par exemple été réduit dans une moindre mesure que le Colisée car il fallait qu'il ne semble pas ridicule à côté», souligne le producteur Vincent Pontbriand.

La fidélité historique n'est pas toujours respectée, pour ne pas nuire au plaisir du joueur: le toit de la basilique Saint-Pierre n'était pas en construction à l'époque à laquelle se déroule l'aventure mais cinquante années plus tard.

«On a essayé de faire sans cet élément mais personne ne reconnaissait le bâtiment. Dès qu'on l'a ajouté, les gens qui voyaient le jeu disaient: "Là, on sait qu'on est à Rome"», raconte M. Gambouz.

Pour parvenir à modéliser la ville presque telle qu'elle l'était il y a cinq cents ans, les développeurs s'appuient sur des cartes de l'époque et travaillent avec des historiens.

Séjourner à Rome est aussi une des étapes importantes afin de prendre des photographies des briques ou des roches pour recréer les mêmes textures.

Au-delà de l'architecture de la ville, le souci de reconstitution passe par les habits des passants, les armes employées ou les personnages rencontrés.

Cesare Borgia, sa soeur Lucrèce, Machiavel, Léonard de Vinci, entre autres, croisent ainsi le chemin d'Ezio, avec une personnalité calquée sur celle de leur double réel.