Les jeux vidéo de guerre font trop souvent fi du respect des droits humains et du droit international humanitaire.

Dans cet univers virtuel, il arrive que ne soient pas sanctionnées des attaques contre des civils ou des mosquées ou encore que le recours à la torture soit encouragé, selon une enquête publiée jeudi par la fondation suisse pour l'enfance Pro Juventute et une association genevoise contre l'impunité TRIAL («Track Impunity Always»).

L'étude s'est concentrée sur les jeux vidéo car, à l'opposé de la littérature ou des films, ils requièrent un rôle actif de la part du joueur. De plus, leur niveau de réalisme fait qu'ils sont couramment utilisés dans le cadre de formations militaires et se déroulent dans des zones de conflits contemporains comme l'Afghanistan ou l'Irak.

Les 20 jeux sélectionnés, pour ordinateurs ou consoles de jeux, ont été évalués par des spécialistes du droit international humanitaire, sous la supervision de Marco Sassoli, professeur de droit international public à l'Université de Genève et président du comité de l'Académie de droit international humanitaire et de droits humains. Le résultat est malheureusement «peu encourageant».

Les jeux vidéo de guerre représentent souvent des scènes de violence et incitent les joueurs à faire preuve de violence virtuelle. Certains ne sanctionnent pas les attaques contre les personnes civiles et les biens protégés comme les églises ou les mosquées; d'autres encouragent le recours à la torture lors des séances d'interrogatoires ou ne prohibent pas les traitements inhumains ou les exécutions extrajudiciaires. Toutefois, il existe quelques jeux dans lesquels l'assassinat de civils est puni et où des stratégies de jeux plus respectueuses de ces normes sont récompensées.

Les jeux vidéo ne devraient pas constituer des espaces indifférents à la loi et à l'éthique. Il serait donc souhaitable que les jeux de guerres fictifs soient régis par les mêmes normes que celles qui régissent de véritables conflits armés. Ces normes condamnent les actes de violence inadmissibles tout en protégeant la dignité des groupes de personnes particulièrement menacées.

Pro Juventute et TRIAL demandent aux producteurs d'intégrer « avec imagination et efficacité» le respect des droits humains et du droit international humanitaire lors du développement des jeux vidéo.

Les auteurs de l'étude relèvent que punir les comportements illégaux dans les jeux vidéo est possible, comme plusieurs exemples de jeux populaires le démontrent. Généralement, cela n'intervient cependant que de manière partielle. La prise en compte des règles du droit international humanitaire, avec par exemple l'intervention du CICR et des tribunaux internationaux, peut même rendre les jeux plus intéressants et réalistes.