Après avoir produit des jeux vidéo parmi les plus populaires et acclamés des dernières années, Ubisoft fait une entrée remarquée dans le monde du cinéma, avec la sortie de trois courts métrages dans la foulée du jeu Assassin's Creed 2. L'avenir de la société que dirige Yannis Mallat s'annonce très prometteur.

Le PDG d'Ubisoft Montréal, Yannis Mallat, vit une fin d'année agitée. Entre la sortie des jeux vidéo Assassin's Creed II, demain, et Avatar, en décembre, l'expansion d'Ubisoft Montréal est plus que jamais d'actualité.

Parce qu'il est à la tête d'une entreprise qui embauche plus de 2000 personnes et a le vent dans les voiles, Radio-Canada et La Presse nomment Yannis Mallat Personnalité de la semaine.

 

Ouvrir de nouvelles portes

Il y a trois semaines, Ubisoft Montréal a pris Hollywood de court avec la sortie, sur YouTube, d'un premier court métrage dérivé d'Assassin's Creed 2, dont le premier chapitre du très populaire jeu vidéo s'est écoulé à plus de 8 millions d'exemplaires. «J'étais à Hollywood cette semaine et on ne parlait que de Lineage! Les gens ne l'avaient pas vu venir», se félicite Yannis Mallat.

Tournés à Saint-Hubert, avec un budget gardé secret, les trois courts métrages Assassin's Creed Lineage (34 minutes au total) ouvrent, selon Yannis Mallat, de nouvelles portes du côté du cinéma. Une ambition qui n'a rien de secret depuis le rachat l'an dernier du célèbre studio d'effets spéciaux des Laurentides, Hybride (300, Sin City).

«Depuis Assassin's Creed 1, le téléphone ne dérougissait pas», explique Yannis Mallat. Intéressés par un héros hautement populaire, les studios hollywoodiens ont tenté de mettre la main sur une option film. En vain. «Ils ont besoin de «pre-awareness»: ils prennent des choses qui existent et sont adaptées. Nous, on l'a bien compris et on l'incorpore à nos projets», affirme Yannis Mallat.

Lineage demeure un premier pas vers un nouveau média pour Ubisoft. «Cela ne fait qu'ouvrir des portes», dit-il. Avant d'ajouter: «Attention, on ne se prend pas pour des autres. Ce sont des films de 38 minutes, mais cela prouve qu'on est capables d'amener nos jeux vers d'autres médias.»

Depuis 2006 et le départ de Martin Tremblay, ancien président-directeur général d'Ubisoft, Yannis Mallat dirige le studio montréalais de main de maître.

Seconde carrière

L'univers du jeu vidéo n'est pourtant pas la première carrière de ce Français qui a passé une partie de sa jeunesse en Côte d'Ivoire et a d'abord travaillé dans le secteur du développement international.

«C'est ce qui m'a permis de m'ouvrir l'esprit: j'ai appris le b. a.-ba de tous les métiers. Après, je suis venu au Québec réaliser un changement de carrière radical, se souvient-il. Ubisoft Montréal venait d'ouvrir ses portes: j'ai postulé, et j'ai démarré d'abord du développement de jeux à l'externe jusqu'à ce qu'on me confie le développement d'une production à l'interne.»

Yannis Mallat a entre autres produit les jeux Prince of Persia. «C'est l'époque où Ubisoft met l'accent sur ses marques», explique-t-il. Chose qui fut faite, notamment avec les succès de Myst IV - Revelation, Tom Clancy's Splinter Cell ou Prince of Persia.

Plan de croissance

Si Ubisoft a connu un premier semestre 2009 «moyen», Yannis Mallat croit beaucoup en ses nouveaux projets pour terminer l'année (au 31 mars 2010) avec un chiffre d'affaires en forte croissance.

Grâce à un nouveau studio à Toronto, Ubisoft devrait encore gagner de l'importance au Canada. «Le plan de croissance à Toronto est d'avoir 800 employés dans les 10 prochaines années», dit-il. La question mystère du moment, mais où le studio va-t-il s'implanter, sera bientôt résolue.

«Nous sommes dans les dernières heures de négociation. On a trouvé un endroit à Toronto, un quartier cool qui pourrait ressembler au Mile End d'il y a 12 ans, dit Yannis Mallat. On a déterminé les projets qui iraient à Toronto.» Sans révéler lesquels, Yannis Mallat dit seulement qu'ils sont «dans les plus grosses marques» que l'on connaît à Ubisoft Montréal.

Mais c'est à Montréal, dans son ancienne usine du Mile End, que le coeur d'Ubisoft continuera à battre, au Canada. «Le plan de croissance continue à Montréal, on cherche de plus en plus de talents. Notre plan de croissance est toujours d'avoir 3000 employés en 2013.»