Après plus de vingt ans d'attente, les fans des Beatles ont fêté mercredi l'entrée des Fab Four dans l'ère numérique, avec la sortie mondiale de l'intégrale remasterisée du groupe mythique de Liverpool ainsi qu'un jeu vidéo permettant d'interpréter ses morceaux favoris.

«Je suis là depuis trois heures du matin»: Alan Harrington, 59 ans, trépigne devant le magasin encore fermé HMV d'Oxford Street, dans le coeur commercial de Londres. Premier de la queue, il attend 09H09 en ce 9 septembre 2009, heure précise où les grilles se lèveront sur l'intégrale restauré des Beatles, et le nouveau jeu vidéo dont le prix sera pour l'occasion réduit à 9,99 livres  pour les 99 premiers clients (contre 29 livres).

«Je prévois de dépenser 800 livres» (1433 $CAN), lance le fan, qui a pour l'occasion revêtu son costume «original» des Beatles, dit-il fièrement: veste couleur sable à épaulettes, pantalons moulants et bottes pointues.

Il aura fallu quatre ans à une équipe d'ingénieurs chevronnés pour remasteriser, c'est-à-dire restaurer avec des technologies numériques, l'ensemble de la production des Beatles. L'intégrale avait déjà été rééditée en 1987 mais pas avec cette qualité de son.

«Ils disent que ça va faire une grosse différence», exulte Mark Wardle, 35 ans. «Je vais vider mon portefeuille», reconnaît-il sans peur du prix des coffrets: entre 170 livres pour la version stéréo et 200 livres en mono.

«Je n'étais pas là quand les Beatles sortaient leurs albums. Aujourd'hui, c'est comme si je faisais la queue pour acheter un nouveau disque des Beatles», lance-t-il, interrompu par le crissement de la grille qui s'ouvre.

Les fans se dirigent alors comme un seul homme vers les bacs remplis de coffrets et du jeu vidéo «The Beatles Rockband», délaissant les rayons de cartes postales, livres, marque-pages et autres produits marketing à l'effigie des Fab Four.

Dans l'air, flotte la mélodie de «Lucy in the Sky with Diamonds» (1967), tandis que sur grand écran défilent les images noir et blanc du film «Hard Day's Night» (1964).

«Yeah. Je l'ai», lance Taiwo Omisoie, 19 ans, après avoir payé son jeu vidéo. «Je suis ici pour le jeu seulement», dit-il. «Je n'ai pas de CD des Beatles chez moi. Peut-être que j'achèterai un des premiers, comme... Please Me ou... Comment ça s'appelle déjà?», ajoute-t-il sans réussir à trouver le nom complet du premier album des Beatles, «Please Please Me», qui date de 1963.

A peine une centaine de fans ont fait la queue devant le HMV, reconnaît l'employée de sécurité Vicki Pope. «Hier, 250 personnes étaient ici pour Lady Gaga», la chanteuse américaine qui sort son dernier album. Comparé à cela, le lancement de la version remastérisée des Beatles est plutôt «discret», ajoute Vicki.

Les chiffres de vente seraient cependant déjà très bons. Rien n'a été divulgué officiellement mais, selon la presse, environ 50.000 coffrets mono auraient été écoulés lors des pré-ventes et dès mercredi matin, le coffret était en 2e position des meilleures ventes musicales sur Amazon.

Il s'agira de la «plus grande réédition jamais conduite dans l'histoire de la musique», a affirmé au Financial Times de mercredi Ernesto Schmitt, président de la division Catalogue international d'EMI.

Environ cinq millions de disques remastérisés seraient en vente. Depuis leurs débuts, les Beatles auraient vendu entre 600 millions et un milliard de disques dans le monde.