Comment gérer le temps passé par sa progéniture devant les nombreux jeux vidéo reçus à Noël? Aux parents désemparés, les experts conseillent de privilégier le dialogue, trop souvent absent, et d'être vigilant sans diaboliser un loisir devenu incontournable.

C'est pour répondre à leurs inquiétudes, que le site PédaGoJeux vient d'être lancé, sous l'égide du Forum des droits sur l'internet (FDI), alors que la quasi-totalité des 6-17 ans s'adonnent aux jeux vidéos.

«On s'est aperçu qu'il n'existait pas de sites de sensibilisation» qui soient neutres, sans verser dans la «promotion» ou à l'inverse la «critique» systématique, explique Olivier Gérard, coordonnateur nouvelles technologies à l'Union nationale des associations familiales (Unaf).

Pourtant il existe un vrai besoin, selon lui: «les parents ont une méconnaissance totale de cet univers» ou en ont une image «erronée», et «donc agissent parfois de manière disproportionnée ou inadaptée».

Ils sont «souvent soit dans une logique d'interdiction, soit dans une attitude de laissez-faire car ils s'estiment dépassés», note-t-il.

Principal enseignement à retenir: «il n'y a pas de temps de jeu idéal». Plutôt que de fixer une «limite horaire excessivement réduite et inflexible», c'est à l'«isolement de l'enfant», à la «perte de lien social» que «vous devez prendre garde», peut-on lire sur Pédagojeux.

Le cas échéant, les parents peuvent avoir recours à des «moyens techniques comme les systèmes de contrôle parental qui permettent de définir un temps de jeu», indique le juriste Laurent Baup, en charge du dossier au FDI.

Mais il appelle surtout à plus de dialogue entre les générations: ainsi, les règles doivent être discutées ensemble.

Il est également important «que les parents valorisent la victoire de leurs enfants dans le virtuel"» souligne le psychanalyste Michaël Stora, spécialiste de la thérapie par les jeux vidéo. Pour lui, cette pratique «peut avoir des effets bénéfiques quant à l'estime de soi».

C'est aussi «un lieu d'évacuation des frustrations, des colères, des rages», où l'on aime «flirter avec les interdits», doublé d'un excellent exercice intellectuel qui stimule notamment la capacité à se représenter l'espace en trois dimensions ou encore la gestion de tâches multiples et simultanées.

Quant au phénomène si redouté de l'«addiction», il est en fait très rare et peut difficilement s'appliquer aux ados, selon le psychiatre Serge Tisseron, auteur de «Qui a peur des jeux vidéo? »: «rien n'est figé» à cette période de la vie et «beaucoup de jeunes mènent de front» jeux vidéo à haute dose et scolarisation.

«Pas de panique» donc, résume-t-il: le tout est de «cadrer et accompagner très tôt, dès 7-8 ans». Il conseille aussi de «couper l'accès à internet la nuit» pour éviter la dépendance aux jeux en réseau, type «World of Warcraft».

Par ailleurs, «s'il est légitime de s'inquiéter de la violence du paysage audiovisuel, il n'y a aucune raison de pointer les jeux vidéo, qui ne sont pas plus dangereux que le cinéma ou la télévision», assure-t-il.

Les parents doivent en revanche se référer, lors de l'achat d'un jeu, à la signalétique européenne Pegi, qui classe les titres en fonction de l'âge minimum recommandé (3+, 7+, 12+, 16+, 18+) et mentionne la présence de contenus choquants.

Car «il ne faut pas perdre de vue que l'âge moyen d'un joueur se situe au-dessus de 30 ans», rappelle M. Baup. D'où l'existence de titres très décriés, comme «Grand Theft Auto 4», interdit aux moins de 18 ans et régulièrement accusé d'avoir une influence néfaste sur les adolescents.