L'éditeur de jeux vidéo français Ubisoft a annoncé jeudi le rachat des droits de propriété intellectuelle liés au nom de l'écrivain américain Tom Clancy, lui permettant d'utiliser sans royalties cette marque pour les jeux vidéo et produits dérivés, dont les livres et les films.

«C'est une étape majeure dans le développement d'Ubisoft», a commenté son PDG Yves Guillemot lors d'une conférence téléphonique, qui ambitionne de «transformer» son groupe «en un acteur majeur de l'industrie du divertissement».Grâce à cette acquisition, des «économies de royalties significatives» seront réalisées, de l'ordre de 5 millions d'euros (8 millions de dollars canadiens) minimum par an sur le résultat opérationnel courant, a-t-il précisé, tout en soulignant l'importante contribution potentielle de la vente de produits dérivés.

Le montant de l'opération n'est pas dévoilé, mais Ubisoft indique qu'il paiera d'ici fin mars une première somme d'environ 20 millions d'euros, suivie de «versements complémentaires sur les exercices fiscaux 2008-09 et 2009-2010».

Ubisoft collabore avec Tom Clancy depuis le rachat de son studio Redstorm en 2000, un partenariat qui a donné naissance à de nombreux jeux vidéo à succès, tels que «Tom Clancy's Splinter Cell, Tom Clancy's Ghost Recon et Tom Clancy's Rainbow Six».

Il lui sera désormais possible de lancer sous cette marque des livres, des films, des séries et même un MMOG (»massively multiplayer online game»), c'est-à-dire un jeu vidéo en ligne sur le modèle du très populaire «World of Warcraft», édité par Vivendi Games.

Dans le cadre de cette stratégie d'ouverture à de nouveaux médias, Ubisoft, troisième éditeur mondial, a annoncé l'an dernier l'ouverture d'un studio de création numérique à Montréal.

«L'avenir de notre industrie dépend de notre capacité à créer des marques qui captivent les consommateurs puis de les décliner sur l'ensemble des supports de divertissement, des jeux vidéo aux livres en passant par le cinéma et tous les autres médias», a assuré M. Guillemot.

À travers cette opération, Ubisoft entend gagner en puissance et garder son indépendance face à la vague d'acquisitions dans le secteur. Le groupe est aujourd'hui valorisé à plus de 2 milliards d'euros.

Le récent rapprochement entre Vivendi Games et le groupe américain Activision pour créer un leader mondial avait relancé les spéculations sur un éventuel rachat d'Ubisoft par son rival Electronic Arts (EA), qui détient 15% du capital du français et 25% des droits de vote.

Mais EA, actuel numéro un, a jeté pour l'instant son dévolu sur son compatriote Take-Two, sur lequel il a lancé une offre de rachat hostile.