S'inspirant d'un jeu vidéo de guerre très populaire, des psychologues américains ont créé un monde virtuel qui replonge des soldats dans une situation très réaliste de combat en Irak pour les aider à surmonter leurs traumatismes.

S'inspirant d'un jeu vidéo de guerre très populaire, des psychologues américains ont créé un monde virtuel qui replonge des soldats dans une situation très réaliste de combat en Irak pour les aider à surmonter leurs traumatismes.

«Il y a un grand potentiel de soutien du traitement clinique traditionnel d'un malade avec un environnement virtuel», a expliqué dimanche Skip Rizzo, un psychologue de l'université de Californie du Sud qui avec d'autres chercheurs ont mis au point cette nouvelle approche thérapeutique ou cyberpsychologie.

La réalité virtuelle permet au sujet de revivre plus intensément les événements à l'origine de son traumatisme et des troubles psychologiques qui en découlent que s'il recourait seulement à sa mémoire, a-t-il dit à la presse en marge de la conférence annuelle de l'Association américaine pour la promotion de la science (AAAS).

Remettre le patient dans la situation responsable de son anxiété ou d'une phobie est le traitement psychologique traditionnel qui en faisant revenir la mémoire de l'événement fini par le désensibiliser. Il a noté que nombre d'anciens combattants du Vietnam ressentaient le besoin de retourner dans le pays pour les aider à guérir leur blessure psychologique.

Dans le cas de l'Irak, le système de réalité virtuelle, inspiré du jeu vidéo «Full Spectrum Warrior», fait revivre au soldat son expérience de façon très intense.

Installé dans une cabine, portant des lunettes spéciales et des écouteurs, le sujet peut se retrouver derrière le volant d'un Humvee fonçant sur une route déserte irakienne avec des tirs nourri de fusil mitrailleurs et de lance-grenade.

Le thérapeute peut selon les réactions de son patient, modifier cet environnement virtuel en ajoutant ou retirant le bruit des tirs et faire apparaître de la fumée.

Il est aussi possible d'entendre l'explosion d'une bombe près du véhicule et de sentir les secousses.

Ces psychologues font aussi appel à l'odorat pour stimuler la mémoire avec des odeurs corporels, de vapeur de gasoil, de caoutchouc brûlé et même d'épices traditionnelles de la cuisine irakienne, a précisé Skip Rizzo.

Ce système est encore en évolution, a-t-il ajouté indiquant qu'il recevait régulièrement d'Irak des suggestions pour rendre l'environnement virtuel le plus proche possible de la réalité comme par exemple ajouté l'odeur de cuisine de viande de mouton envahissante dans le pays.

Les Irakiens cuisinent souvent à l'extérieur car ils ont de fréquentes coupures de courant, a-t-il noté.

Jusqu'à présent a mis en garde Skip Rizzo, les résultats de cette approche expérimentale sont encore limités avec une guérison, la première à ce jour grâce à cette méthode, celle d'une jeune Américaine de 21 ans. Elle a été témoin de nombreuses scènes d'attaques suicide en Irak où elle faisait partie du personnel de soutien.

Le psychologue a aussi cité la nette amélioration de l'état psychologique de quatre autres malades. L'approche est néanmoins encourageante, a-t-il estimé, notant qu'une dizaine de centres sont en passe de s'ouvrir aux États-Unis.

Les premiers résultats de ces essais cliniques laissent aussi penser que la thérapie par la réalité virtuelle est parfaitement adaptée à la jeune génération immergée dans les jeux vidéo.

L'aspect jeu du traitement peut aussi aider à mieux accepter l'idée de suivre une thérapie.

Ce projet est une entreprise conjointe entre l'«Institute for Creative Technologies», un laboratoire de recherche de pointe de l'université de Californie du sud et le bureau de recherche de la marine américaine (Office of Naval Research).