Les purs et durs du jeu vidéo ont attendu ce moment longtemps. Avec un an de retard, la console PlayStation 3 du géant japonais Sony, objet de milliers de rumeurs et spéculations, arrive aujourd'hui sur le marché nord-américain, apportant avec elle une guerre sans merci avec Microsoft et Nintendo.
Les purs et durs du jeu vidéo ont attendu ce moment longtemps. Avec un an de retard, la console PlayStation 3 du géant japonais Sony, objet de milliers de rumeurs et spéculations, arrive aujourd'hui sur le marché nord-américain, apportant avec elle une guerre sans merci avec Microsoft et Nintendo.
Considérée par plusieurs comme l'ultime machine de jeu, la PlayStation 3 (PS3 pour les intimes) ne sera cependant pas disponible sur le commun des mortels avant plusieurs semaines. Comme le rapportait La Presse plus tôt cette semaine, les joueurs s'arrachent littéralement les 400 000 unités promises par Sony. Sur eBay, certains ont même payé 3000 $ pour acheter l'assurance de recevoir avant tout le monde un de ces joujoux, vendus 670 $ dans les commerces. Et si on se fie au lancement japonais du week-end dernier, les files d'attente devant les magasins d'électronique seront longues, et bien souvent inutiles; tous les commerces s'attendent à une pénurie après quelques minutes.
Derrière cette bagarre rangée entre acheteurs, c'est un combat épique sans précédent que se livrent les trois fabricants de console. Car pour dominer le marché de 20 milliards que représente l'industrie du jeu vidéo, Sony, Microsoft et Nintendo, dont la console Wii sera lancée dimanche, sont prêts à prendre des risques majeurs.
Microsoft a lancé le bal des millions avant tout le monde, en novembre 2005, en vendant sa console avec une perte sèche de 153 $ par unité, si on ne compte que le coût des pièces. S'ajoutait à cela une campagne de marketing aussi audacieuse que dispendieuse, multipliant les barrages publicitaires à la télé, les pubs dans les magazines et même le marketing viral sur les blogues les plus populaires de la Toile.
Aux prises avec des problèmes techniques, Sony a alors préféré laisser le champ libre à Microsoft pendant un an, question de peaufiner le processeur Cell qu'elle a développé conjointement avec IBM et Toshiba. Au total, deux milliards de dollars ont été investis uniquement pour créer cette puce, qui se trouve au coeur de chaque console, affirme Bloomberg. " Sony risque d'avoir besoin d'au moins cinq ans pour récupérer l'argent qu'elle a investi dans ce processeur ", a récemment commenté à la BBC l'analyste japonais Mitsuhiro Osawa, spécialiste de la question. Et encore, il faudra que la multinationale arrive à vendre entre 30 et 50 millions de consoles pour récupérer son investissement, précise Bloomberg.
Du côté de Nintendo, qui a misé sur une console moins puissante et moins coûteuse pour reprendre la position de leader qu'elle a perdu au profit de Sony en 1994, ce seront plus de 230 millions qui seront investis uniquement en publicité d'ici 2008.
La bataille du salon
Pourquoi miser aussi gros? Pour Sony et Microsoft, la réponse est simple: envahir le salon. Les deux géants ne voient plus leurs consoles comme de simples machines de jeu; ils ont mis au point de véritables centres de divertissement maison, tous deux capables d'accéder à l'Internet haute vitesse.
Sony a aussi équipé sa PS3 d'un lecteur de disques haute définition Blu-ray, format concurrent de HD-DVD qu'elle tente de commercialiser à coups de dizaines de millions et d'alliances avec les majors du cinéma. En réponse à l'arrivée de ce premier lecteur films haute définition bon marché, Microsoft a décidé de vendre un lecteur HD-DVD externe pour la Xbox 360, au coût de 200 $.
Il y a deux semaines, le géant de Redmont a aussi lancé un service de téléchargement de films et d'émissions de télé pour la Xbox 360, en concurrence directe avec le populaire site iTune développé par Apple. Bien que la PS3 en soit capable, les plans de Sony ne sont pas clairs à cet égard.
Nintendo, de son côté, a préféré ne pas s'aventurer sur ce terrain. «Nos concurrents essaient de transformer leurs consoles en centre de divertissement pour le séjour. Nous préférons les laisser faire. Nous, ce qu'on veut, c'est créer un système de jeu grand public destiné à tous les consommateurs, peu importe leur talent et leur intérêt pour les jeux vidéo», a déclaré récemment le président de Nintendo, Reggie Fils-Aimé, de passage à Montréal pour le Sommet du jeu.
Attaques à coup de titres
Pour livrer bataille, Nintendo s'est assurée d'inonder le marché d'une soixantaine de titres originaux dès le lancement de la console, du jamais vu. Microsoft, quant à elle, répète haut et fort que plus de 160 titres sont déjà disponibles pour la Xbox 360. La PS3 n'en a pour le moment que cinq de prêts. Une vingtaine d'autres sont promis d'ici la fin de l'année.
Et des centaines d'autres arriveront rapidement, car quoi qu'en disent Microsoft et Sony, pour l'instant, ce sont toujours les jeux qui sont le nerf de la guerre dans l'industrie des consoles. Les ventes de titres représentent à elles seules 7,5 des 20 milliards récoltés par toute l'industrie du jeu. Et ce chiffre, dont environ le cinquième est retourné en redevances aux fabricants de consoles, monte à une vitesse exponentielle. En témoigne le jeu Assasin's Creed, concocté pour la PS3 et la Xbox 360 depuis déjà plus d'un an par une imposante équipe des studios montréalais d'Ubisoft, et dont la sortie n'est prévue que pour la fin 2007.
Et tant mieux pour les gamers : «Ce n'est qu'un début, lance Jason Della Rocca, directeur exécutif de l'International Games Developpers Association. Les jeux qui sortent maintenant en mettent plein la vue côté graphique. Tout le monde veut épater la galerie. Mais bientôt, à mesure que les programmeurs apprendront à mieux maîtriser les consoles, des concepts de jeu de plus en plus spectaculaires vont apparaître. Là, on pourra parler de révolution.»
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