Dans la vitrine d'une librairie, vous apercevez une nouvelle bande dessinée intitulée Paradise. Sur sa page couverture, un étrange félin noir. Quelques coins de rue plus loin, dans une boutique informatique, le boîtier d'un jeu vidéo attire votre attention. Même titre, Paradise, et encore ce fauve en guise d'illustration principale. Tiens donc, murmurez-vous, s'agirait-il d'un jeu vidéo adapté d'une BD ? Ou serait-ce l'inverse ?

Dans la vitrine d'une librairie, vous apercevez une nouvelle bande dessinée intitulée Paradise. Sur sa page couverture, un étrange félin noir. Quelques coins de rue plus loin, dans une boutique informatique, le boîtier d'un jeu vidéo attire votre attention. Même titre, Paradise, et encore ce fauve en guise d'illustration principale. Tiens donc, murmurez-vous, s'agirait-il d'un jeu vidéo adapté d'une BD ? Ou serait-ce l'inverse ?

Ni l'un ni l'autre, répond Benoît Sokal, auteur et directeur artistique des deux oeuvres disponibles depuis peu au Québec. Paradise, c'est d'abord une histoire, un scénario. «Pour moi, explique-t-il, un scénario, c'est une espèce de pâte à modeler qu'on cultive de différentes façons et qui se décline en de multiples médias. Une oeuvre n'est pas l'adaptation de l'autre.»

Benoît Sokal est un artiste bien connu des amateurs de bandes dessinées. Il a notamment créé le personnage d'Inspecteur Canardo dans les années 80. Dans le domaine des jeux vidéo, beaucoup se souviendront qu'il a imaginé et conçu le jeu d'aventure Syberia, qui a connu un vif succès au Québec, il y a quelques années.

Sokal a ensuite fondé la compagnie White Birds avec quelques associés, dont Olivier Fontenay. «White Bird, c'est une société de production de contenu, précise ce dernier. L'idée, c'est qu'à la base de tout ce que l'on crée, il y a une pierre fondatrice, un scénario, une histoire. Une des choses qu'on construit avec une histoire, c'est un jeu vidéo. Une autre chose qu'on construit, en parallèle, c'est une bande dessinée.»

L'histoire de Paradise se déroule en Moranie, en Afrique. «Un pays imaginaire, explique Olivier Fontenay, mais qui reprend un peu tous les symboles de l'Afrique.»

L'héroïne du scénario, la fille d'un vieux dictateur en fin de règne, perd la mémoire à la suite d'un écrasement d'avion. Elle est alors appelée à trouver sa voie au coeur d'un pays en pleine guerre civile. Une quête qui lui fera redécouvrir, peu à peu, les terres de son père et ses habitants.

C'est de ce récit, écrit par Benoît Sokal, que sont nés la bande dessinée et le jeu vidéo Paradise. Les deux oeuvres ont été créées en parallèle, selon un esprit artistique propre à chacune d'elle. Elles sont conçues pour des publics très différents qui, au final, se recoupent assez peu, estime Olivier Fontenay. Le lecteur de bande dessinée n'attend pas la même chose d'une image que le «lecteur» de jeu vidéo, et «notre but était de servir à chaque public un truc très bien.»

Quatre BD, un jeu d'aventure

Les deux premiers tomes de la bande dessinée Paradise sont déjà disponibles en librairie. Le troisième devrait sortir en fin d'année, alors que le quatrième tome est prévu pour l'an prochain. Le jeu vidéo, quant à lui, est un jeu d'aventure pour PC de type «pointez-cliquez», dans la veine de Myst ou Keepsake. «C'est le genre qui s'est le plus imposé, raconte Benoît Sokal, relatant sa carrière dans l'industrie du jeu vidéo. Mon métier, c'est de raconter des histoires en images. Ce qui m'intéressait, ce n'était pas de faire des prouesses technologiques, mais de raconter mes histoires avec une nouvelle approche et de nouveaux outils en adéquation avec l'époque où l'on vit aujourd'hui.»

Olivier Fontenay insiste d'ailleurs sur les qualités du scénario de Paradise. «Le jeu est fait de façon à ce qu'un joueur qui n'est pas habitué aux jeux vidéo y joue avec plaisir et intérêt. Toutes les énigmes sont logiques et les solutions sont fidèles à la trame narrative.»

Il y a quatre mondes à parcourir dans le jeu Paradise, chacun correspondant à un tome de la bande dessinée. Une attention particulière a bien sûr été portée à l'histoire du jeu, mais également aux graphismes et aux ambiances des décors, qui se veulent immersifs et agréables à explorer. On annonce entre 15 et 25 heures de jeu, plusieurs belles cinématiques animées et même quelques scènes en 3D temps réel vécues à travers le regard d'un mystérieux animal nocturne.