Tirer sur des Mexicains entrant illégalement aux États-Unis comme on tire sur des lapins et améliorer son score quand on tue une femme enceinte et ses deux enfants: c'est un nouveau jeu vidéo qui circule sur l'internet, en plein débat passionné sur l'immigration.

Tirer sur des Mexicains entrant illégalement aux États-Unis comme on tire sur des lapins et améliorer son score quand on tue une femme enceinte et ses deux enfants: c'est un nouveau jeu vidéo qui circule sur l'internet, en plein débat passionné sur l'immigration.

«Il y a un seul but simple à ce jeu, ne pas les laisser entrer... à n'importe quel prix!», annonce le jeu vidéo en ligne, dont le titre «Border Patrol» (Patrouille de frontière) est tracé aux couleurs du drapeau mexicain vert-blanc-rouge.

Dans un désert parsemé de cactus, le joueur est transformé en garde-frontière. Armé d'un pistolet, il doit tuer autant de clandestins qu'il peut, y compris des femmes enceintes et des enfants.

Les cibles sont des stéréotypes: une «femme lapine» mexicaine enceinte avec deux enfants, un «nationaliste mexicain» armé jusqu'aux dents et un «trafiquant de drogue», une hotte sur le dos débordant de feuilles de cannabis.

Quatre-vingt-huit clandestins, appelés «wetbacks» («dos mouillés») parce qu'ils traversent à la nage le fleuve Rio Grande séparant le Mexique du Texas, défilent en quelques secondes. Le chiffre 88 est souvent utilisé dans les milieux skinheads, signifiant HH, pour les initiales de Heil Hitler.

Un panneau «Bienvenue aux États-Unis», au dessus d'un drapeau américain orné d'une étoile de David, avec une flèche indiquant la direction d'«un bureau d'oeuvres sociales», est planté à la frontière.

Une phrase ironique, «Alors Paco, t'as eu ta carte verte?», termine le jeu de massacre. «Paco» désigne un clandestin latino et obtenir la «carte verte», carte de séjour aux États-Unis, est un processus long et difficile.

Les créateurs de ce genre de jeux vidéos «présentent habituellement un Mexicain ou une personne de couleur sous les traits d'un trafiquant de drogue. Ils en font un criminel et c'est déjà déplorable. Mais là, c'est différent, ils visent des gens innocents, comme la mère enceinte et ses enfants», dit à l'AFP Gabriela Lemus, de la Ligue des citoyens latino-américains unis (League of United latin-american citizens).

Ce genre de jeux vidéos «vous transforme en objet, vous ôte votre humanité» et «c'est de l'incitation à la haine», ajoute-t-elle.

«Patrouille de frontière» véhicule du «racisme» mais «il ne peut qu'attirer les gens qui déjà partagent ce sentiment», estime pour sa part Peter Vorderer, professeur en communication et psychologie à Los Angeles (Californie, ouest).

Ce jeu vidéo a été mis en ligne par des sites internet racistes ou homophobes qui «donnent des qualificatifs à des groupes spécifiques comme 'femme lapine' pour les Mexicaines», dit-il.

«Vous êtes malade à en mourir après avoir vu 10 minutes» de ces jeux, estime-t-il.

Ceux-ci ont toujours existé mais Patrouille de frontière «s'intègre un peu dans l'actualité à cause du débat» sur l'immigration aux États-Unis, observe-t-il encore.

Environ 12 millions de clandestins vivent aux États-Unis.

Le président américain George W. Bush a reçu, mardi, à la Maison Blanche plusieurs éminents sénateurs républicains et démocrates pour débloquer la réforme des lois sur l'immigration qui lui tient à coeur et qui est devenue une des grandes affaires politiques du moment aux États-Unis.

La communauté hispanique a organisé plusieurs manifestations pour réclamer une vaste réforme de l'immigration et la régularisation des sans-papiers, prévoyant une nouvelle journée d'action le 1er mai.

L'immigration et l'éventuelle régularisation de millions de Mexicains travaillant clandestinement aux États-Unis figurent souvent au menu des discussions entre M. Bush et son homologue mexicain Vicente Fox.