Un des pionniers du web, le Britannique Tim Berners-Lee, a mis lundi en garde contre l'emprise grandissante des grands groupes sur internet, qui leur permet de «contrôler quelles idées et opinions sont vues et partagées».

Alors qu'il «fête (ce 12 mars) son 29e anniversaire», les «menaces» qui pèsent sur le World Wide Web «sont réelles et nombreuses», écrit-il sur son blog, citant notamment «la désinformation» ou «la perte de contrôle» sur les données personnelles.

«Ce qui était autrefois une riche sélection de blogs et de sites Internet a été comprimé sous le lourd poids de quelques plates-formes dominantes», ajoute Tim Berners-Lee, qui fut le premier à développer l'idée d'un réseau mondial connecté.

À défaut de les nommer, «Sir Tim» semble faire directement référence aux incontournables GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) qui jouissent de fait d'une présence considérable et tentaculaire sur internet.

«Cette concentration du pouvoir» permet «à une poignée de plates-formes de contrôler quelles idées et opinions sont vues et partagées», insiste-t-il. «Par ailleurs, le fait que le pouvoir soit concentré parmi si peu d'entreprises a permis de faire du Web une arme à grande échelle» pour attiser les tensions sociales ou perturber des scrutins électoraux.

«Ces plates-formes dominantes sont capables de verrouiller leur position en créant des barrières pour les concurrents. Elles font l'acquisition de start-ups concurrentes, achètent de nouvelles innovations et embauchent les meilleurs talents» du secteur, dit-il.

Tout en notant que les groupes concernés tentent eux-mêmes de s'attaquer au problème, Tim Berners-Lee estime qu'un «cadre juridique ou réglementaire» pourrait être utile.

Le Britannique plaide également pour une réduction des inégalités dans l'accès à internet, notant, «sans surprise, que vous avez moins de chances d'être connecté si vous êtes une femme, pauvre, vivant en zone rurale ou dans un pays à faible revenu».

Ne pas être connecté, «c'est ne pas avoir la chance d'apprendre et de s'enrichir, d'accéder à des services précieux et de participer au débat démocratique», poursuit-il en mettant en garde contre le risque d'une «génération abandonnée».