La Chine s'impose parmi les principaux pays créateurs d'objets quotidiens connectés à l'internet, mais elle génère ainsi de gigantesques failles sécuritaires exploitables par des pirates informatiques, a prévenu mardi John McAfee, créateur américain du logiciel antivirus portant son nom.

S'exprimant devant une conférence spécialisée à Pékin, M. McAfee a cité des précédents, dans lesquels des pirates sont parvenus à distance à prendre le contrôle de coffres-forts, de systèmes de chauffage, mais aussi d'ordinateurs de bord d'automobiles ou d'aéroplanes.

«La Chine prend la tête des progrès sur les objets intelligents, depuis les réfrigérateurs jusqu'aux thermostats, et c'est le maillon faible de la cybersécurité», a-t-il martelé, disant vouloir «lever un drapeau rouge» d'avertissement.

«Il y a tellement plus de ces objets, et plus vous en connectez ensemble, plus les risques de piratage augmentent», a encore souligné John McAfee.

L'excentrique septuagénaire avait fait fortune aux débuts d'internet dans les années 1990, après avoir mis au point un logiciel antivirus qui porte son nom et est maintenant la propriété d'Intel.

Plombé par la crise financière de 2008, il avait défrayé la chronique en 2012 après la mort de son voisin au Belize, pays où il vivait à l'époque et qu'il avait fui après l'ouverture d'une enquête de la police locale.

M. McAfee a livré à Pékin un discours au ton sombre et inquiétant, à l'heure où sa nouvelle société MGT Capital se prépare à lancer de nouveaux produits de cybersécurité d'ici la fin de l'année.

«Notre espèce n'a jamais été confrontée jusqu'ici à une menace de cette amplitude. Et pour l'essentiel, nous n'en prenons pas conscience», a-t-il averti.

«Vous pouvez penser que j'exagère, que je tombe dans l'alarmisme. Mais je compte parmi mes amis beaucoup de «hackers» (pirates) qui ont les capacités de faire d'énormes dégâts si l'envie leur en prend», a-t-il ajouté.

À l'instar de Xiaomi, fabricant de téléphones intelligents ayant élargi son offre dans l'électroménager «intelligent», nombre d'entreprises chinoises intègrent désormais une connexion wi-fi à des produits variés, des autocuiseurs pour riz aux purificateurs d'air, permettant aux usagers de les allumer à distance depuis leur téléphone.

De telles connexions créent de graves failles qui accentuent les vulnérabilités de leurs réseaux, selon John McAfee.

Dans un entretien avec des journalistes à Pékin, l'Américain a cependant noté «n'avoir entendu parler d'aucune» attaque informatique de grande ampleur en Chine sur l'année passée, tandis que les États-Unis en enregistraient «des centaines».

«C'est peut-être à cause du contrôle du gouvernement (chinois) sur la presse, je ne sais pas trop. Mais ce que je sais, c'est que dans certains secteurs en Chine, la prise de conscience des menaces cybersécuritaires est bien plus élevée qu'aux États-Unis», a-t-il observé.