Le géant américain de technologies Google s'est trouvé jeudi sous le feu de critiques en Russie, après que son service gratuit de cartographie en ligne a « décommunisé », à l'instar des autorités ukrainiennes, les noms des localités en Crimée, péninsule rattachée par Moscou.

« Je pense que c'est une politique à courte vue », a déclaré ainsi le ministre russe des Communications, Nikolaï Nikiforov, dans une interview à la chaîne de télévision russe Rossia 24, en disant espérer que « cette erreur sera corrigée ».

« Si la société Google accorde si peu d'attention à la loi russe et aux noms des localités russes, elle ne pourra pas faire un business efficace sur le territoire de Russie », a-t-il prévenu.

Pour sa part, le président de Crimée, Sergueï Aksionov, a accusé Google Maps d'« induire ses utilisateurs en erreur en leur proposant un produit de propagande au lieu des cartes réelles », dans un message publié sur Facebook.

Plusieurs utilisateurs russes de Google Maps ont constaté cette semaine que les noms des localités en Crimée, péninsule ukrainienne rattachée en mars 2014 par la Russie, étaient indiqués désormais à l'ukrainienne dans ce service de cartographie, conformément à la loi sur la « décommunisation » en vigueur en Ukraine.

Adoptée en 2015 dans le cadre du processus de « décommunisation » de l'Ukraine, cette loi est censée aboutir au changement des noms, liés au communisme, de plus de 900 localités dans cette ex-république soviétique en proie à un conflit armé entre les forces de Kiev et les séparatistes prorusses dans l'Est.

Dans la soirée, l'antenne russe de Google a assuré oeuvrer en vue de rendre les noms initiaux aux localités de Crimée dans la version russe de Google Maps.

« Nous travaillons activement pour rendre (aux localités) leurs anciens noms dans la version russe de Google Maps », a affirmé un porte-parole de Google au quotidien économique russe RBK.

L'annexion de la Crimée en 2014 à l'issue d'un référendum dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux a provoqué les plus fortes tensions entre la Russie et l'Occident depuis la fin de la Guerre froide et a été suivie par une vague de sanctions européennes et américaines contre Moscou.