L'opérateur européen Eutelsat et le réseau social américain Facebook vont proposer de l'internet à haut débit en Afrique dès 2016, à des tarifs moins élevés qu'actuellement, grâce au satellite géostationnaire AMOS-6.

Pour les deux partenaires, il s'agit de répondre à la demande croissante de connectivité en Afrique, où l'énorme potentiel de croissance est bridé par un manque d'infrastructures et d'accès à internet. Le coeur de cible, «ce sont les besoins des acteurs économiques, de très petites entreprises, voire des artisans», a expliqué lundi Michel de Rosen, le PDG d'Eutelsat.

«Nous sommes enthousiastes à l'idée (...) de collaborer avec Facebook sur ce nouveau projet qui vise à fournir des services d'accès à internet en Afrique», s'est-il réjoui.

«Nous ferons en sorte d'offrir des solutions internet fiables et à des prix avantageux, pour que davantage d'usagers puissent surfer...», a-t-il assuré.

Le projet s'inscrit dans le cadre de l'initiative internet.org de Facebook, visant à accélérer l'accès à la connectivité «en concentrant ses efforts sur les barrières physiques, économiques et sociales qui privent les citoyens de connexion à internet».

«La mission de Facebook est de connecter le monde et nous pensons que les satellites joueront un rôle important dans la lutte contre les obstacles majeurs qui empêchent de connecter les Africains à internet», a commenté Chris Daniels, vice-président de l'initiative internet.org.

Pour ce projet, Facebook a fait le choix de s'appuyer sur Eutelsat, opérateur de satellites géostationnaires (orbite GEO), c'est-à-dire positionnés à 36 000 km au-dessus de la Terre.

À un prix inférieur

Le réseau social s'appuie sur cette technologie éprouvée qui a aussi l'avantage de pouvoir être opérationnelle dès le second semestre 2016 dans 14 pays d'Afrique subsaharienne.

Avec Facebook, «nous travaillons sur ce projet depuis la fin 2014 et nous sommes arrivés à la conclusion que pour développer la connexion internet en Afrique, les satellites géostationnaires sont incontournables», a expliqué le PDG d'Eutelsat à l'AFP.

D'autres solutions satellitaires existent, mais elles ne sont pas encore disponibles, ou ne permettent pas une couverture suffisante de l'Afrique: la constellation satellitaire OneWeb (orbite LEO, jusqu'à 1200 km d'altitude) doit être déployée d'ici 2018 et un autre projet, la constellation O3B, ne permettrait qu'une couverture de l'Équateur.

Pour autant, «les besoins de connexion internet sont énormes» et il y a donc la place pour des projets alternatifs, a estimé le PDG d'Eutelsat. Mais «le géostationnaire, ça marche, alors que le LEO est encore un espoir, une ambition, un projet.»

Et à ceux qui estiment que le temps de latence est le talon d'Achille des satellites géostationnaires, Michel de Rosen assure qu'il s'agit d'«un sujet secondaire». «Nous parlons de quelques dixièmes de secondes. Notre ambition est d'apporter une connexion internet avec une qualité meilleure que ce qui existe aujourd'hui en Afrique et à un prix inférieur», a-t-il insisté.

Concrètement, Eutelsat et Facebook ont conclu un accord pluriannuel avec la société privée Spacecom pour l'usage de la totalité de la capacité haut débit du futur satellite AMOS-6, qui sera lancé en début d'année prochaine.

Sur le plan technique, ce satellite dispose d'une charge utile en bande Ka, la plus adaptée à la connexion internet, qui permet d'offrir des gains d'efficacité élevés et une couverture sur de larges zones de l'Afrique de l'Ouest, de l'Est et du Sud.

Eutelsat a également annoncé le lancement d'une nouvelle société basée à Londres «qui va définir sa stratégie et déployer ses activités liées au haut débit en Afrique».

Mais Eutelsat n'entend «pas en rester là», selon Michel de Rosen. «Nous avons l'intention, au-delà de ce projet, d'apporter à l'Afrique de la capacité satellitaire additionnelle pour pouvoir connecter un plus grand nombre d'Africains», a-t-il assuré.