Le géant américain de l'informatique Apple a effectué une entrée attendue dans la musique en ligne, lançant mardi son service payant alliant écoute en streaming (flux sans téléchargement), radio numérique et réseau social, avec lequel il espère conquérir un marché en pleine expansion.

Apple Music, disponible dans plus de 100 pays, comprend notamment Beats 1, une radio en direct 24 heures sur 24 et un service de musique en flux sans téléchargement préalable accessible directement sur internet. Cette nouveauté vient concurrencer les offres déjà proposées par Spotify, Deezer et autres Pandora.

Le service comprend également une plateforme sociale, nommée Connect, sur laquelle les artistes pourront poster photos, vidéos, paroles de leurs chansons ou même nouveaux titres, que leurs fans pourront partager et commenter.

Passée une période d'essai gratuite de trois mois, le service sera accessible au prix de 9,99 dollars par mois.

La radio Beats 1, gratuite et qui ne nécessite pas d'être abonné au reste du service, a démarré à 11 h avec de la musique d'ambiance de Brian Eno.

Une heure plus tard, le DJ néo-zélandais Zane Lowe, débauché de BBC Radio 1, a pris l'antenne.

Pour illustrer l'âme de la radio faite selon lui de «qualité et de constance», Zane Lowe a diffusé comme première chanson City, du groupe pop-punk indépendant Spring King, loin d'être une superproduction.

Le choix de cette chanson, a-t-il expliqué, a fait l'objet de mois de discussions internes.

Parmi ses animateurs, la radio comptera plusieurs célébrités comme l'icône de la pop Elton John ou encore le magnat du rap Dr. Dre.

Concurrence d'acteurs spécialisés 

Apple Music proposera en revanche, pour la première fois en streaming, l'album 1989 de la star américaine Taylor Swift, qui en a donné l'exclusivité à Apple.

Taylor Swift a fait cette annonce après avoir initialement menacé de boycotter, parce que s'estimant lésée financièrement, le service d'Apple si le groupe de Cupertino ne rémunérait pas les artistes, y compris pendant la période d'essai du streaming, une demande à laquelle le groupe a aussitôt accédé.

À l'instar de Taylor Swift, Apple s'appuie sur plusieurs célébrités pour le lancement de son service.

Pharrell Williams, le chanteur de Happy, a par exemple présenté mardi sur les ondes de Beats 1 un nouveau single, Freedom.

La marque à la pomme est déjà incontournable pour l'achat de musique en téléchargement sur internet grâce à sa boutique en ligne iTunes.

Avec Apple Music, elle espère attirer les consommateurs qui se convertissent de plus en plus au streaming, dont le leader mondial est le suédois Spotify, avec 60 millions d'utilisateurs, dont 15 millions pour la version payante.

Le service est d'abord disponible pour les détenteurs d'appareils Apple, et aura aussi cet automne une version compatible avec Android, le système d'exploitation mobile du grand rival Google.

Ce dernier a lui aussi récemment lancé sa radio en ligne sur Google Play, s'inspirant ainsi de Songza, un service acheté l'an dernier par le moteur de recherche et par lequel de vraies personnes aident les auditeurs à choisir leurs playlists. Mais Google Play ne sera accessible qu'aux États-Unis.

Apple s'était déjà essayé au streaming gratuit en 2013 avec iTunes Radio, qui n'a jamais vraiment percé.

Il se repositionne aujourd'hui avec une offre payante et plus ambitieuse. Preuve de sa volonté d'accélérer dans la musique, le groupe avait payé 3 milliards de dollars, soit la plus grosse acquisition de son histoire, pour mettre la main l'an dernier sur Beats, la société du rappeur Dr Dre et du producteur Jimmy Iovine.

Mais Apple, pour qui la musique ne représente qu'une toute petite partie de ses activités -iTunes et les autres services musicaux représentaient moins de 9% de ses ventes au premier trimestre-, entre sur un marché ultra-concurrentiel.

Outre le leader Spotify, le géant de l'informatique va devoir partager ce segment de marché avec Deezer, Rhapsody ou encore Tidal, du rappeur américain Jay-Z, des acteurs moins puissants qu'Apple, mais spécialisés dans ce domaine.

Qu'importe, pour nombre d'observateurs, le positionnement d'Apple sur ce secteur de la musique n'a pour but que de renforcer son image avant-gardiste, et d'accélérer la vente de son produit phare: l'iPhone.