Après le cinéma et ses paillettes, Cannes accueille à partir de vendredi l'industrie de la musique pour le Midem où les espoirs et les questions liés à l'essor du streaming vont une nouvelle fois nourrir les débats.

Le nouveau patron de Deezer, la plateforme française de streaming (écoute en ligne sans téléchargement), et une responsable de Tidal, service concurrent relancé par le célèbre rappeur Jay-Z avec l'appui de plusieurs stars, interviendront dès la première journée de cette 49e édition du Marché international du disque et de l'édition musicale (Midem). Un signe que, cette année encore, le streaming sera l'un des fils rouges de ce rendez-vous professionnel annuel où sont attendus plus de 6000 participants de 75 pays.

Le streaming est en pleine expansion, nourrissant l'espoir d'un retour de la croissance dans ce secteur en crise depuis le début des années 2000 et l'explosion d'internet. Mais les débats sont encore vifs sur le type de modèle économique à même de contenter à la fois auditeurs, maisons de disques, plateformes de streaming et artistes.

En 2014, pour la première fois, les ventes mondiales de musique numérique ont égalé les ventes physiques, a annoncé en avril la Fédération internationale de l'industrie phonographique (Ifpi). Ce développement du numérique est encore loin de compenser la chute de l'ordre de 60% du chiffre d'affaires global observée sur les quinze dernières années. Mais 41 millions de personnes dans le monde sont désormais abonnées à des services de streaming, selon l'Ifpi.

La concurrence fait rage entre plateformes de streaming, autour des pionniers que sont le Suédois Spotify et le Français Deezer, dont le nouveau directeur général Hans-Holger Albrecht animera une conférence vendredi. Ils doivent notamment faire avec Tidal et sans doute Apple, attendu très prochainement sur le streaming après avoir misé à l'origine sur le téléchargement avec son service iTunes.

La nouvelle façon de consommer la musique qu'induit le streaming représente «un changement complet de paradigme et il faut désormais reconstruire une industrie musicale nouvelle autour de cela», observe Mark Mulligan, du cabinet britannique de consultants en médias et musique Midia.

À côté du streaming, la question des droits d'auteur, que Bruxelles entend moderniser à l'heure du numérique, sera également l'un des sujets évoqués à Cannes. Notamment lundi, en clôture des quatre jours du Midem, avec la venue d'Andrus Ansip, vice-président de la Commission européenne chargé de la stratégie numérique. Le premier ministre français Manuel Valls a rappelé en mai, lors du Festival de Cannes, que la France serait très vigilante sur ce dossier au long cours.

Le Midem, qui se tenait habituellement en tout début d'année, est organisé à partir de cette année en juin pour échapper à la concurrence des Grammy Awards mais aussi profiter des beaux jours pour s'ouvrir davantage au grand public avec plusieurs concerts gratuits. L'occasion de découvrir sur scène une quinzaine d'artistes internationaux émergents (Grande-Bretagne, États-Unis, Allemagne, Norvège, etc.) sélectionnés pour apporter un petit côté «festival» qui manquait à cette manifestation.

Le coeur du rendez-vous cannois restera toutefois, comme d'habitude, «le business»: «On vient d'abord au Midem pour faire des deals ou amorcer des relations», rappelle Bruno Crolot, directeur d'une manifestation qui mettra aussi à l'honneur l'Arménie.