Le numéro un mondial du streaming musical Spotify devrait arriver sur un nouveau marché, la vidéo, en concurrence frontale avec YouTube, selon certaines informations.

En termes financiers, l'année 2014 a été difficile pour le groupe, avec une perte nette presque triplée, à 162,3 millions d'euros, selon les résultats de la holding luxembourgeoise Spotify Technologies, déposés jeudi et consultés par l'AFP vendredi.

Créé par des Suédois en 2008, le pionnier de l'écoute de musique sans téléchargement n'a toujours pas connu d'année de bénéfice.

Pour 2014, «cela s'explique par les investissements substantiels qui ont été réalisés durant l'année, principalement dans le développement du produit, l'expansion internationale et la hausse généralisée des effectifs», justifie le groupe. Les résultats de Spotify Technologies n'offrent pas de précision chiffrée sur ces divers éléments.

Le chiffre d'affaires a passé la barre du milliard d'euros, à 1,082 milliard. Mais à mesure que le marché mûrit, la croissance se tasse: elle a été de 45 % l'an dernier, contre 74 % en 2013 et 128 % en 2012.

Fort d'un «catalogue de plus de 30 millions de titres», Spotify comptait 60 millions d'utilisateurs fin 2014 (contre 36 millions fin 2013). Les trois quarts ne paient pas et écoutent de la publicité, tandis qu'un quart paie un abonnement mensuel.

Il est présent dans 58 pays et estime que dans «dix de ces pays, au moins un dixième des internautes sont utilisateurs de Spotify».

Mais il semble que l'audio ne suffise plus, dans un secteur où l'offre est aujourd'hui abondante.

Point faible

Selon Spotify Technologies, «la musique en streaming est un marché émergent, ce qui rend difficile l'évaluation de nos perspectives actuelles et futures. Nous sommes confrontés à une forte concurrence en termes à la fois d'utilisateurs, d'heures d'écoute et de publicité avec des acteurs ayant des ressources considérables à leur disposition».

Des sources proches de l'entreprise ont révélé jeudi à plusieurs médias, dont le Wall Street Journal, le Financial Times et le New York Times, que Spotify s'apprêtait à offrir des vidéos. Des négociations seraient en cours avec les détenteurs des droits.

Selon une source citée par le New York Times, Spotify «sait que des gens quittent sa plateforme pour voir des clips sur YouTube», ce qui constitue un point faible de son offre. Le lancement pourrait avoir lieu à New York le 20 mai.

Le suédois ne fournit que peu de chiffres sur le nombre d'écoutes, qui permettraient de le comparer avec YouTube. Dans ses comptes annuels il n'en divulgue qu'un: les 13 millions d'écoutes en une semaine au plus fort du succès de la chanson la plus écoutée sur Spotify en 2014, Take Me to Church de l'Irlandais Hozier.

Le magazine américain Billboard avait cependant relevé que ce titre n'avait pas eu un succès aussi spectaculaire sur YouTube, où elle en est à 196 millions de vues depuis septembre 2013, soit en moyenne 2,3 millions par semaine.

«L'année passée, Spotify a commencé à prendre des parts de marché à YouTube en termes de volume de streaming pour les plus grands tubes», écrivait la publication spécialisée. Sur le top 50 mondial, le suédois serait passé de 22 % à 33 %, tandis que son rival américain, propriété de Google, aurait reculé de 66 % à 58 %.

La difficulté de Spotify à rendre son activité rentable ne l'empêche pas d'être parmi les startups non cotées les plus chères au monde, avec une valorisation de 8,4 milliards de dollars selon le Wall Street Journal.