La liberté d'expression sur internet a souffert cette année des mesures prises par un nombre croissant de pays pour renforcer leur censure, au prétexte parfois des programmes de surveillance américains, selon un rapport publié jeudi.

La liberté sur internet a diminué dans 36 des 65 pays interrogés, selon l'association Freedom House.

Dans certains cas, les gouvernements utilisent les révélations sur les programmes de surveillance par l'agence américaine NSA pour justifier des initiatives visant à contrôler davantage les utilisateurs d'internet et à réprimer les dissidents.

«Des pays adoptent des lois qui légitiment la répression existante et criminalisent effectivement la dissidence en ligne», soutient le rapport de Freedom House.

«Davantage de gens sont arrêtés en raison de leur activité sur internet, et on fait de plus en plus pression sur les médias en ligne pour qu'ils se censurent eux-mêmes ou bien pour les menacer de poursuites judiciaires, et des sociétés privées doivent faire face à de nouvelles demandes des gouvernements pour livrer des données ou en effacer», déplore le rapport.

L'Iran est le pays qui accorde le moins de liberté sur internet, suivi de près par la Syrie, la Chine, Cuba, l'Éthiopie et l'Ouzbékistan, selon Freedom House.

Dix-neuf pays sont qualifiés de «libres», le meilleur score revenant à l'Islande et à l'Estonie. Trente et un pays sont classés partiellement libres et 19 «pas libres».

Mais on assiste dans une majorité de pays à une diminution de la liberté sur internet, relève Freedom House.

Quarante-et-un pays ont adopté ou proposé des lois pour condamner pénalement ou limiter l'expression en ligne, ou encore étendre leur surveillance entre mai 2013 et mai 2014, selon le rapport.

«Certains pays affirment avoir besoin de stocker des données chez eux à cause de la surveillance par la NSA», explique l'auteur du rapport Sanja Kelly. «C'est une tendance inquiétante».

Depuis mai 2013, Freedom House a relevé que des arrestations relatives à des prises de position sur internet liées à une activité politique avaient eu lieu dans 38 des 65 pays étudiés, principalement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

«La pression sur les sites d'actualités, principales sources d'informations libres dans beaucoup de pays, a radicalement augmenté», déplore le rapport.

«Des dizaines de journalistes citoyens ont été agressés en travaillant sur la guerre en Syrie et les manifestations antigouvernementales en Égypte, en Turquie et en Ukraine», ajoute-t-il.

«D'autres pays ont renforcé les règles d'obtention de licences pour les plateformes internet».

Les plus fortes diminutions de liberté en ligne sont observées en Russie et en Turquie, avec des chutes significatives en Ukraine, en Angola et en Azerbaïdjan.

En Russie, le rapport cite de multiples nouvelles lois destinées à bloquer des contenus en ligne et à poursuivre les gens pour dissidence politique. En Turquie, Freedom House évoque une censure croissante, notamment sur les réseaux sociaux.