L'un des assureurs d'entreprises les plus réputés du monde, Lloyd's de Londres, s'inquiète de l'escalade des coûts pour couvrir les dommages du piratage informatique, particulièrement celui qui cible les systèmes de paiement électronique.

«Les cyberattaques représentent un nouveau risque dans le marché des assurances commerciales. Et ça nous préoccupe de plus en plus parce qu'il pourrait croître dramatiquement après les incidents de haut niveau survenus récemment», a indiqué la présidente de Lloyd's, Inga Beale, en entrevue, hier à Londres, avec la chaîne d'information financière Bloomberg.

Mme Beale faisait écho aux incidents de piratage informatique de données qui ont touché au cours des derniers mois des dizaines de millions de comptes de clients et de cartes de paiement chez de grandes entreprises comme Home Depot, Target et même la banque JP Morgan Chase aux États-Unis.

Pour les assureurs d'affaires spécialisés comme Lloyd's, les dommages à couvrir en cas de cyberattaques chez leurs clients s'étendent des frais de redémarrage des systèmes touchés jusqu'à la perte de revenus et les dommages à la réputation commerciale.

Aux États-Unis, selon la firme-conseil internationale en gestion de risque Marsh&McLennan, le marché des assurances contre les cyberattaques dépassera cette année les 2 milliards de dollars en primes souscrites, soit deux fois plus que l'an dernier.

Dans l'Union européenne, le marché des primes d'assurances contre les cyberattaques, estimé encore qu'à 150 millions, croît néanmoins de l'ordre de 50 à 100% par année, toujours selon Marsh & McLennan.

Avec leurs réseaux de centaines d'établissements, par lesquels transitent des informations sur des millions de clients, les gros détaillants et les institutions financières d'envergure sont prisés par les cyberpirates qui recherchent des informations monnayables auprès des fraudeurs.

«C'est le cauchemar de toutes les banques: qu'une défaillance de système ou une cyberattaque puisse compromettre la sécurité d'accès aux comptes de leurs clients», a indiqué Karen Legget, première vice-présidente, marketing et stratégie d'entreprise, à la Banque Nationale, au cours d'un récent entretien avec La Presse Affaires au sujet des priorités technologiques dans le secteur bancaire.

«Pour les banques en particulier, le risque d'une attaque cybernétique sur leur réputation d'affaires est de plus en plus important. C'est pourquoi elles n'y font pas de compromis au moment de planifier et de gérer leurs projets informatiques», a expliqué pour sa part Christian Brosseau, vice-président au secteur financier chez CGI, à Montréal.