En plein bras de fer avec plusieurs éditeurs de presse, Google a annoncé mercredi qu'il allait pénaliser plus de 200 médias allemands dans son moteur de recherche, faisant apparaître seulement les titres de leurs articles, sans image ni description.

Le patron de Google Allemagne, Philipp Justus, a fait part de cette décision dans un post de blogue, diffusé via son compte Twitter. L'amputation des résultats de recherche entrera en vigueur à partir du 9 octobre.

«Nous ne montrerons plus les "Snippets" (premières lignes de l'article) et les "Thumbnails" (images miniatures) de sites internet connus comme bild.de, bunte.de ou hoerzu.de, et de chaque éditeur qui est représenté par VG Media», a expliqué M. Justus sur le blogue de Google Allemagne.

En clair, les internautes ne verront apparaître dans le moteur de recherche que les titres des articles des médias visés, sans aucun autre élément pour les mettre en valeur.

Les médias concernés sont tous ceux représentés par VG Media, une coalition formée par plusieurs éditeurs allemands pour faire respecter leurs droits. Elle comprend notamment les éditeurs Axel Springer, Burda, Madsack ou Funke. Axel Springer est le propriétaire de Bild, le quotidien le plus lu d'Europe, et de Die Welt, acteur majeur de la presse quotidienne allemande.

Au total, 170 sites d'éditeurs de journaux doivent être touchés, ainsi que 20 sites de télévisions et 59 sites de radios.

VG Media a déposé une requête en juin contre Google et d'autres moteurs de recherche, pour non-respect de la propriété intellectuelle. La loi allemande prévoit que seuls «de petits morceaux de textes» peuvent être utilisés gratuitement. Les membres de VG Media voulaient donc une rémunération pour l'utilisation de leur phrases d'attaques et de leurs photos dans les moteurs de recherche.

En réaction, d'autres moteurs de recherche allemands ont eux purement et simplement retiré les sites concernés de leur algorithme. Les utilisateurs de T-Online (Deutsche Telekom) ne se verront par exemple plus proposer de résultats issus des quotidiens Bild ou Die Welt.

La requête, déposée en juin auprès d'une cellule d'arbitrage dédiée rattachée au tribunal régional de Munich (sud), s'inscrit dans un mouvement plus large d'éditeurs européens, qui accusent Google d'abus de position dominante et veulent faire payer l'américain pour l'utilisation de leurs contenus.

VG Media s'était également tourné vers le gendarme allemand de la concurrence, l'Office anti-cartel. Celui-ci a toutefois estimé fin août que VG Media n'avait pas fourni assez d'éléments pour ouvrir une enquête. Mais «indépendamment de la plainte de VG Media, l'Office surveille le comportement de Google» et «va se pencher sur la question de l'ouverture d'une enquête de sa propre initiative», selon le communiqué diffusé à l'époque.

La défiance à l'égard de Google est très marquée en Allemagne. Mardi le responsable de l'Autorité de protection des données de la ville-Etat de Hambourg, Johannes Caspar, a émis une ordonnance administrative pour obliger le géant américain à changer ses pratiques concernant les données des utilisateurs.

Dans un communiqué, il estimait que «la pratique actuelle d'élaboration de profils d'utilisateurs empiète sur la sphère privée des utilisateurs de Google bien en delà de ce qui est autorisé».

Si Google n'obtempère pas, il risque une amende. La société peut également contester l'ordonnance devant la justice.