L'origine du virus «Snake», qui a infiltré des ordinateurs en Ukraine, est difficile à retracer avec exactitude, ont estimé plusieurs spécialistes interrogés lundi au salon Cebit de Hanovre, dans le nord de l'Allemagne, alors que des soupçons pèsent sur la Russie.

«J'ai des doutes sur les prétendues preuves selon lesquelles la Russie serait derrière» ce virus, a déclaré à l'AFP Thomas Uhlemann, un spécialiste allemand de la sécurité qui travaille pour l'entreprise slovaque ESET.

Certes, «la Russie aurait les connaissances, les compétences et les ressources pour créer une attaque telle que Snake», selon lui. Mais «elle est aussi à même de très bien dissimuler ses traces, spécialement si ces attaques sont menées pour le compte de l'État», ajoute-t-il.

Michael Goedeker, directeur des ventes chez le britannique Sophos, explique que «le moyen le plus sûr de savoir qu'un virus provient d'un certain pays est de regarder dans son code et voir comment il est écrit».

«On peut deviner, mais on n'est jamais vraiment certain. C'est difficile», ajoute-t-il.

Selon les informations dont M. Goedeker dispose, le virus détecté en Ukraine «est basé sur une portion de Snake, un programme bien plus large».

«Il ressemble à une stratégie très détaillée et très sophistiquée que certains pays utilisent pour espionner», ajoute-t-il. Quant à ce que ce virus puisse servir de cyber-arme - c'est à dire à détruire des informations ou endommager des infrastructures - c'est un point d'interrogation, ajoute-t-il.

Eugene Kaspersky, patron de la société russe de sécurité informatique Kaspersky, est plus affirmatif. «Snake est un virus d'espionnage (...) juste d'espionnage. Certaines sources disent qu'il s'agit d'une cyber-arme mais ce n'en est pas une».

Snake «n'est donc pas comparable à Stuxnet, une cyber-arme extrêmement compliquée destinée à détruire le programme nucléaire civil iranien», ajoute-t-il.

Selon lui, la Russie subit des attaques similaires à celles observées en Ukraine, à base du virus Snake, en particulier sur les sites des médias. «Je pense que cela vient d'activistes, pas des États».

Samedi, un rapport du groupe britannique de défense BAE Systems expliquait que le virus, apparu en 2006, était déployé de manière plus agressive depuis 2013 et que sur 44 attaques enregistrées depuis, 22 l'avaient été en Ukraine.

Les opérateurs de Snake agissent en semaine et essentiellement dans un fuseau horaire correspondant à Moscou, a constaté BAE Systems.