Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dont le gouvernement vient de faire adopter une nouvelle loi très controversée sur le contrôle de l'internet, a exhorté lundi les écoliers à ne pas devenir «prisonniers» de la technologie moderne.

«L'internet est un outil très important mais peut devenir le plus grand fléau de notre ère aux mains de gens mal intentionnés», a déclaré M. Erdogan devant un parterre d'écoliers et d'enseignants à Ankara.

«Ne devenez pas des prisonniers de l'internet (...) sortez jouer dans les parcs et les jardins, n'oubliez pas qu'un ordinateur ne pourra jamais prendre la place d'un livre», a-t-il continué en défendant les nouvelles règles votées par le Parlement.

«Nous ne souhaitons pas restreindre les libertés (...) mais nous voulons aussi une jeunesse qui soit protégée des maîtres chanteurs, des usurpateurs et des criminels, comme le font d'autres pays», a-t-il affirmé.

Le Parlement turc a adopté au début du mois une série d'amendements à la loi sur internet de 2007 qui, entre autres, autorisent l'autorité gouvernementale des télécommunications (TIB) à bloquer un site internet sans recourir à une décision de justice s'il porte atteinte à la «vie privée» ou contient des informations considérées comme «discriminatoires ou insultantes».

Voté alors que le gouvernement se débat dans un scandale de corruption retentissant, ce texte a suscité l'ire de l'opposition et les mises en garde de nombreuses ONG ou capitales étrangères, qui l'ont jugé «liberticide».

Les adversaires de la nouvelle législation ont appelé le président turc Abdullah Gül, qui a concédé qu'elle posait des «problèmes», à ne pas la promulguer.

M. Erdogan s'exprimait lors d'une cérémonie concluant la remise à travers le pays de 100 000 tablettes numériques pour les élèves du primaire et du secondaire. Dans les dix-huit prochains mois, 575 000 autres doivent être distribuées.

La Turquie est considérée par les ONG comme l'un des pays les plus répressifs en matière de contrôle du web.

Lors de la grande fronde antigouvernementale de juin 2013, le chef du gouvernement avait lui-même qualifié le réseau de microblogage Twitter de «fauteur de troubles».