Le moteur de recherche de Microsoft, Bing, censure les requêtes en chinois concernant des informations sensibles pour le pouvoir communiste, non seulement en Chine mais dans le reste du monde, a affirmé mercredi un site spécialisé.

Parmi les termes censurés figurent ceux relatifs à Liu Xiaobo -- le dissident prix Nobel de la paix emprisonné en Chine --, au dalaï-lama, et à l'écrasement du mouvement de Tiananmen en 1989, a indiqué Greatfire.org.

Ce site se consacre à étudier le contrôle de l'internet par le pouvoir communiste.

Des essais réalisés par l'AFP ont confirmé des affirmations du site. Ainsi, une recherche sur Liu Xiaobo en chinois sur Bing renvoie principalement à des sites gouvernementaux chinois, où sont compilés les griefs officiels visant le Nobel.

«Microsoft pratique une épuration des résultats de recherche aux États-Unis, afin de retirer les informations négatives sur la Chine», a assuré Greatfire.org.

«Et ils agissent de la sorte sur tous les marchés où ils opèrent dans le monde», a-t-il ajouté.

Lancé en juin 2009 aux États-Unis, Bing a ensuite été progressivement déployé sur la planète pour tenter de grignoter des parts de marché à Google.

Un porte-parole de Microsoft n'était pas immédiatement joignable mercredi pour commenter les accusations de Greatfire.org.

Les autorités chinoises ont mis en place une censure très perfectionnée de l'internet en Chine et peuvent imposer des règles draconiennes aux groupes étrangers souhaitant y opérer. Mais cette censure n'a normalement pas cours en dehors du pays.

Plus précisément, l'internet est expurgé en Chine des sites politiquement sensibles et Pékin contrôle étroitement la communauté des centaines de millions d'internautes --la première du monde-- pour éviter l'organisation de la dissidence. Twitter, YouTube ou Facebook sont interdits dans le pays.

Les grands groupes internet américains ont parfois connu en Chine des turbulences, comme Google ou Yahoo!, notamment en raison de la censure.

Il y a une dizaine d'années, Yahoo! avait révélé aux autorités chinoises des informations personnelles sur des «cyber dissidents», qui avaient été arrêtés et pour certains lourdement condamnés. L'affaire avait été dévastatrice pour l'image du groupe internet américain.