Les révélations en 2013 d'Edward Snowden sur les écoutes des services américains dans le monde entier ont provoqué la crainte d'un Big Brother tout-puissant face auquel rien ne reste privé.

Au coeur de l'onde de choc qui n'a cessé de se propager depuis début juin se trouve un consultant en informatique devenu à 30 ans un lanceur d'alerte solitaire: Edward Snowden, brocardé comme un «traître» par nombre d'Américains.

Aujourd'hui réfugié en Russie après avoir fui les États-Unis, le jeune homme a confié à la presse, notamment au quotidien britannique The Guardian, des dizaines de milliers de documents détaillant les capacités tentaculaires de l'agence américaine chargée des interceptions de communications, la NSA.

Dans un rare entretien publié mercredi, Snowden a dit espérer que ses révélations aboutiront à plus de transparence. «Ce qui nous inquiète le plus n'est pas que cette surveillance puisse sur un plan théorique être conduite, mais qu'elle est réalisée sans qu'une majorité de la population soit même au courant qu'elle est faisable», a-t-il expliqué au magazine Time qui l'a classé en deuxième position des «personnes de l'année».

Avec l'empilement des révélations, le monde a découvert avec effroi l'étendue de ses programmes de surveillance électronique de la NSA, visant incidemment nombre de citoyens américains au grand dam des organisations américaines de défense des libertés individuelles et de la vie privée qui dénoncent le «Big Brother» gouvernemental.

Cet émoi a conduit Barack Obama à promettre dès le mois d'août des réformes tout en arguant de leur nécessité de ces programmes.

Mais «il n'y aura pas de changement majeur», pronostique James Lewis, expert au CSIS, un groupe de réflexion de Washington.

S'il estime à «20 à 25% des électeurs», «la minorité bruyante» d'Américains qui manifeste son opposition à ces programmes, la majorité de la population consent selon lui à ces empiétements sur la vie privée au nom de la sécurité.

Le problème est que «les gens n'ont jamais vraiment compris la différence entre collecter des données et les lire. Personne ne peut lire 70 millions de courriels, mais on peut utiliser des machines pour identifier ceux qui ont des liens avec le terrorisme», explique-t-il à l'AFP.

Collecte de métadonnées

L'un des programmes, instauré par le fameux Patriot Act voté en 2001, prévoit la collecte des métadonnées téléphoniques en obligeant les opérateurs téléphoniques américains à fournir à la NSA ces données comprenant les numéros appelés ainsi que l'heure et la durée des appels.

C'est la collecte incidente de renseignements sur les communications de simples citoyens américains qui a provoqué une levée de boucliers aux États-Unis et conduit le Congrès à tenter de mieux encadrer les activités de la NSA.

Un autre programme baptisé Prism, qui constitue selon la NSA son «outil le plus important», cible lui les activités sur internet de millions de personnes dans le monde au grand dam des géants américains de l'internet comme Microsoft, Apple, Google ou Facebook.

Ces sociétés s'inquiètent aujourd'hui de la perte de confiance de leurs clients et réclament une «réforme des pratiques gouvernementales de surveillance dans le monde».