Twitter et Facebook n'ont qu'a bien se tenir. Après les réseaux sociaux américains, leurs rivaux asiatiques, hyperpopulaires sur leur continent, partent à la conquête des internautes européens, comme le japonais Line ou le chinois WeChat.

Appels vocaux gratuits, messagerie instantanée, géolocalisation, fil d'actualités... WeChat et Line, qui offrent tous les deux les mêmes services, se présentent comme un condensé de Facebook, Skype et Whatsapp.

Le réseau social nippon Line était en tournée en Europe cette semaine pour une opération de relations publiques. Fin août, il comptait 230 millions d'utilisateurs dans le monde, dont 47 millions au Japon et, plus surprenant, déjà 15 millions en Espagne.

Pour séduire, Line, qui appartient au géant sud-coréen de l'internet NHN Corporation, s'est appuyé sur des partenariats locaux avec les principaux clubs de football espagnols, le FC Barcelone et le Real Madrid, des marques comme Coca-Cola ou la vedette du tennis Rafael Nadal qui peuvent ainsi s'adresser directement à leurs fans.

Autre force du service de messagerie instantané lancé début 2011, ses «stickers», une série de petites figurines qui servent à exprimer des émotions, bien plus riches et variés que les traditionnels «émoticônes», devenus ringards, selon eux. Dans chaque pays, ceux-ci sont adaptés aux goûts locaux comme en Espagne où ils ont repris les codes de «El hormiguero», un célèbre talk-show télé, ou des figurines à l'effigie des joueurs de football.

«On mise beaucoup sur cette nouvelle forme de communication autour des stickers», dont la plupart sont payants, a déclaré à l'AFP Sunny Kim, directrice générale adjointe de Line Europe et Amérique. Et pour cause, ils représentent une part substantielle des revenus (30 %). Huit millions d'euros de «stickers» ont été vendus en juillet 2013, selon Line qui a réalisé 75 millions de chiffre d'affaires au deuxième trimestre 2013.

Les autres revenus proviennent à 50 % des ventes de jeux intégrés à l'application mobile et à 30 % des partenariats et produits dérivés.

«La version française avec les adaptations locales sera lancée avant la fin de l'année avec une campagne TV et des partenariats», a ajouté Sunny Kim.

Coïncidence ou pas, le logo vert avec une bulle de conversation à l'intérieur de Line est très proche de celui du réseau social chinois WeChat, né en janvier 2011.

Déjà traduit en 19 langues, celui-ci revendique 500 millions d'utilisateurs, dont 100 à l'international et prévoit de se lancer en France au cours du dernier trimestre 2013.

WeChat s'est attaché les services de Lionel Messi, la vedette argentine du FC Barcelone, devenu ambassadeur de la marque et qui a réalisé une publicité télévisée pour le réseau social.

Pour répandre son usage, WeChat veut notamment s'appuyer sur la diaspora chinoise à travers le monde qui jouera le rôle de relais.

«Les Français d'origine chinoise ou les Canadiens d'origine chinoise, par exemple, sont vraiment le pont entre la Chine et le reste du monde», estime Renaud Edouard-Baraud, PDG de l'Atelier BNP-Paribas Asie, également partenaire de WeChat, propriété du mastodonte de l'internet chinois Tencent, qui possède également le très populaire service de messagerie instantanée QQ.

Pour monétiser son service, WeChat, qui ne communique pas ses chiffres, mise beaucoup sur les comptes des marques et la géolocalisation afin d'envoyer, par exemple, des offres promotionnelles et attirer, entre autres, les touristes chinois, dont le nombre est en forte croissance en Europe.

«La plupart des groupes de luxe français ont une présence sur WeChat en Chine», confirme Alexis Bonhomme, le responsable de l'agence intégrée au réseau social pour les marques ou entités étrangères (aéroports, musées, grands magasins...).