Plus besoin du Père Lustucru aujourd'hui pour que la Mère Michel retrouve son chat si elle a un compte Twitter ou Facebook. Y publier un message est devenu le premier réflexe de certains internautes lorsque Minou ou Médor s'est égaré.

Depuis quelques années, de nombreuses histoires fleurissent, contant le «ouf» de soulagement de propriétaires éplorés ayant récupéré l'objet de leur affection grâce aux réseaux sociaux.

L'une des plus célèbres vient d'Irlande. La compagnie ferroviaire @irishrail a tweeté le 4 juillet 2012 la photo d'un chien: «Chien perdu! Il a embarqué à Kilcock à 06h49 ce matin, et veille sur lui actuellement à la gare de Pearse. Merci de retweeter».

Rediffusé plus de 500 fois, il parvient 32 minutes après à Deirdre Anglin (@deirdreca), habitante d'un village à 30km de Dublin, qui répond aussitôt : «C'est mon chien ! J'appelle la station». Une heure plus tard, @Irishrail publie une photo de Deirdre et du chien réunis.

Alors, efficace Twitter ? Joan Tilouine, journaliste qui s'est penché sur le réseau social et ses applications, y croit: «Il y a une force de la foule ou de la masse qui va se mobiliser pour retrouver un chat ou un vélo. Twitter, c'est une espèce de grande chambre dans laquelle il y a plein de petits placards: une rue, un quartier, une ville, un pays finalement. On se rend compte qu'il y a une possibilité de faire un écho à un message».

Quid de l'affiche de Félix sur le poteau ? «Je pense que c'est fini», tranche-t-il. Pour lui, Twitter pourrait être utilisé, par exemple «si la Société protectrice des animaux (SPA) mettait un hashtag (NDLR: un mot-clé avec un dièse qui permet d'isoler un sujet) SPA + ville» avec une photo de l'animal.

De nombreux exemples, comme celui de Jody Rosen, critique au New York Magazine qui a retrouvé grâce à Twitter son vélo volé dans les rues de Brooklyn, plaident pour le réseau social.

Mais pour Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 millions d'amis, «avec 140 signes» (longueur maximale d'un tweet), «on ne peut pas vraiment lancer des avis de recherche. Twitter, c'est plutôt pour mobiliser les gens, pour une pétition, une campagne».

Mme Hutin met en avant Facebook et surtout le site internet avec des pages pour les animaux perdus ou trouvés, qui génèrent «un énorme trafic».

Réseau avec ses amis à proximité, qui met mieux en valeur les photos que Twitter, Facebook est selon elle plus adapté lorsque Milou est parti en balade.

Benjamin, trentenaire de Besançon, en a fait l'expérience. Il se souvient de la «belle chaîne de solidarité» qui lui a permis en avril de retrouver le chat de sa grand-mère un mois et demi après l'avoir perdu : il est «tombé par hasard» sur la page de Bison Teint, un blogueur de la ville, et y a vu la photo du chat.

«La jeune fille qui l'avait recueilli avait mis des affiches dans le quartier, mais je n'étais pas tombé dessus... C'est le hasard !» se rappelle-t-il encore étonné, alors qu'il avait notamment téléphoné à la SPA pour tenter de le retrouver.

Mais pour Gérard Delcourt, ancien inspecteur SPA qui a écrit le livre «SOS animaux perdus» (Favre), «on ne cherche pas un chat ou un chien avec les réseaux sociaux !»

«Je n'ai jamais vu quelqu'un retrouver son chat par ces méthodes-là», assure-t-il, péremptoire.

Pour lui, la méthode élémentaire, ce sont les avis de recherche dans le quartier, les lettres envoyées à des associations, des refuges, mais aussi des annonces dans la presse.

M. Delcourt, qui conseille les propriétaires d'animaux perdus, s'insurge surtout contre des arnaques qui se sont développées, avec des individus qui profitent des personnes fragiles pour leur faire payer des annonces sur Internet.

«2000 annonces par mois à quatre euros, moi je ne travaille plus!», lâche, dépité, cet amoureux des bêtes.