Les États-Unis ont indiqué mardi être «profondément préoccupés» par de nouvelles règles qui vont interdire aux internautes au Vietnam de partager des articles d'actualité sur les blogues et les réseaux sociaux.

Le décret qui entrera en vigueur en septembre est considéré par les défenseurs des droits de l'Homme comme une nouvelle tentative de répression de la liberté d'expression dans le pays communiste.

«Nous sommes profondément préoccupés par les dispositions du décret qui semblent limiter le type d'informations que les individus peuvent partager via leur compte personnel sur des réseaux sociaux et sur des sites internet», a déclaré l'ambassade américaine à Hanoï dans un communiqué.

Le «Décret 72» signé par le premier ministre Nguyen Tan Dung et rendu public cette semaine, stipule aussi que les internautes ne devront pas utiliser les réseaux sociaux pour partager ou échanger des informations d'actualité et que des sites comme Facebook et Twitter ne pourront être utilisés que «pour fournir et échanger des informations personnelles».

Il n'est pas clair à ce stade comment les nouvelles règles seront appliquées ni les peines liées à leur non-respect, mais elles pourraient en théorie interdire le partage de liens ou la discussion d'articles publiés même par la presse officielle, selon des observateurs d'internet.

«Les libertés fondamentales s'appliquent en ligne autant que hors ligne», a souligné l'ambassade américaine.

Le texte interdit également les fournisseurs de services Internet à «fournir des informations contre le Vietnam, portant atteinte à la sécurité nationale, à l'ordre social et à l'unité nationale».

Il a été largement critiqué par des groupes de défense des droits de l'Homme, dont le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF).

Le quotidien officiel Nhan Dan a assuré mardi que ces critiques n'étaient que «diffamation et déformation», estimant que le décret était «nécessaire» pour «nettoyer» internet utilisé pour «attaquer» le parti communiste et l'État.

Le Vietnam, où journaux et télévisions sont contrôlés par l'État, est considéré comme un «ennemi d'internet» par RSF qui a également classé le pays à la 172e place sur 179 de son dernier index de la liberté de la presse.

De plus en plus de citoyens préfèrent ainsi s'informer par l'intermédiaire des blogues et des réseaux sociaux mais le régime essaie sans cesse de réduire au silence ces débats en ligne.