Facebook a le droit d'exiger de ses utilisateurs qu'ils donnent leur véritable identité, a estimé la justice allemande dans une décision publiée vendredi, alors que les autorités en charge de la défense des données privées voulaient l'obliger à tolérer l'usage de pseudonymes.

Facebook demande, lors de la création d'un compte, que les utilisateurs donnent leurs véritables prénom, nom, date de naissance et sexe.

Le réseau social se réserve le droit de suspendre un compte s'il s'aperçoit que l'une de ces données est inexacte, tant que l'utilisateur n'a pas produit une pièce d'identité officielle avec une photo d'identité prouvant qu'il n'a pas menti sur ces points.

S'appuyant sur les textes réglementaires allemands en la matière, l'Office de protection des données privées de l'État régional du Schleswig-Holstein avait ordonné à Facebook qu'il cesse d'exiger ces informations et qu'il lève la suspension des comptes de ceux qui ont menti.

L'Office régional menaçait même Facebook d'une astreinte de 20 000 euros en cas de non-déblocage des comptes.Facebook avait porté plainte contre ces décisions, et le tribunal administratif de Schleswig lui a donné raison, dans une décision rendue jeudi mais publiée vendredi.

«Selon la directive européenne sur la protection des données et la loi allemande sur la protection des données, le droit allemand ne s'applique pas dès lors que l'enregistrement et le traitement des données personnelles sont effectués par une filiale se situant dans un pays membre de l'Union européenne», a expliqué le tribunal dans son communiqué.

Le responsable de l'office de protection des données du Schleswig-Holstein, Thilo Weichert, a annoncé dans un communiqué qu'il portera l'affaire devant la cour d'appel administrative du Schleswig-Holstein.

Il a jugé l'argumentation du tribunal «plus qu'ahurissante», estimant que les données sont prélevées en Allemagne et traitées aux États-Unis et non par sa filiale irlandaise.

L'Allemagne n'en est pas à son premier affrontement avec un géant de l'internet à propos de l'usage fait des données personnelles, un débat très épineux dans un pays marqué par l'expérience récente de deux dictatures.

Google et Facebook ont fréquemment maille à partir avec les autorités chargées de la protection des données privées, que ce soit au niveau régional ou fédéral.