Sania n'était qu'une étudiante lorsqu'elle a rencontré Mohammed sur un forum en ligne. Ils sont tombés amoureux, puis se sont mariés, défiant nombre d'interdits au Pakistan, une société conservatrice où les fiancés sont choisis par les familles.

En Occident, les sites de socialisation sont devenus des «lieux» normaux, communs, pour rencontrer l'âme soeur ou papillonner.

Mais pour Sania, 22 ans, fille d'un chauffeur de camion pakistanais, la romance en ligne s'est traduite par des gifles et des menaces de mort de sa propre famille. Et une nouvelle vie loin des siens dans l'anonymat.

«Chez nous, personne ne peut se marier à quelqu'un d'étranger (à la famille). C'est dans nos traditions», confie la jeune femme à l'AFP. Sania vient de Rawalpindi, ville jumelle de la capitale Islamabad, dans la province du Pendjab; Mohammed, lui, est de Muzaffarabad dans la partie du Cachemire administrée par le Pakistan.

Ils se sont rencontrés en ligne, ont échangé des textos et demandé des années durant à leurs parents de les marier. En vain. Un beau jour, Sania a pris la poudre d'escampette et s'est rendue en car dans la ville de son Roméo.

«J'étais terrifiée pendant les quatre heures du trajet, je me disais que si ma famille me retrouvait, elle me tuerait», se souvient-elle.

Son amoureux l'a cueillie à son arrivée et ils se sont aussitôt mariés. La famille de Mohammed a accepté leur union, mais celle de Sania ne décolère pas. Deux ans après leur brève lune de miel, le couple vit toujours dans la peur.

La famille de Sania l'a ramenée à deux reprises à Rawalpindi dans l'espoir de la persuader d'abandonner sa relation.

«La dernière fois, ils m'ont gardée trois mois et ont exercé une pression énorme pour que je divorce... mais j'ai réussi à prendre la fuite», encore, relate-t-elle.

Sania et Mohammed ont depuis changé leur numéro de téléphone, se sont installés dans un quartier pauvre de Muzaffarabad et ne s'aventurent guère à l'extérieur de la ville.

Au Pakistan, les mariages sont souvent «arrangés» par les familles.

Et les femmes qui se marient sans l'accord de leurs parents sont ostracisées, voire tuées, pour avoir «déshonoré» leur famille.