Plusieurs spécialistes des réseaux sociaux en France et à l'étranger contestent la réalité d'un bogue sur Facebook dénoncé par des milliers d'utilisateurs au point de conduire le gouvernement français à demander, mardi, des explications au site communautaire.

Des milliers d'utilisateurs assurent mordicus depuis lundi que certains de leurs messages privés remontant à 3 ou 4 ans ont surgi sur l'espace public de leur page Facebook (la fonction «timeline», installée fin 2011, permet de revoir tout son historique d'utilisation depuis son inscription). Avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer pour un réseau social qui frise le milliard d'inscrits!

«Le 11-Septembre de la vie privée n'a sans doute pas eu lieu», note cependant Vincent Glad de Slate.fr, qui relève qu'une rumeur similaire avait vite été démentie en Finlande en 2011. Selon lui et d'autres spécialistes, deux éléments expliquent la panique qui a gagné certains utilisateurs français.

«En 2008, il n'était pas possible de commenter les statuts Facebook, il fallait faire du wall-to-wall, une discussion scindée entre deux murs Facebook. Vu de nos yeux d'aujourd'hui, ces discussions décousues ressemblent à des messages privés», dit-il.

«Ensuite, continue-t-il, il y a une évolution des usages liées à la massification du réseau. Au départ (...) on n'a souvent que ses amis proches, d'où des propos parfois privés lancés en public. Puis quand arrivent les parents, les collègues et les ex, la page privée devient une agora publique, dans lequel tout propos privé devient incongru».

«À l'époque, certains internautes n'avaient en effet pas compris que le mur n'était pas un espace privé», relève également Philippe Berry de 20 minutes.

«C'est plus une histoire de psychologie que de vie privée. Nous avons oublié combien notre pratique de Facebook a changé en si peu de temps», note de son côté Katie Rogers sur le Guardian.

Le site américain référence TechCrunch, après avoir émis quelques doutes, est pour sa part absolument catégorique: «aucun message privé de Facebook n'a été rendu public».

Selon leur expert Josh Constine, les utilisateurs ont du mal à se rappeler la façon dont fonctionnait le réseau social il y 3 ou 4 ans. «Nous n'étions sans doute pas aussi prudents quand nous postions sur les murs à l'époque, avant que tous les collègues, le patron et notre grand-mère aient également leurs comptes. Il y a quatre ans, Facebook semblait être un lieu différent, plus intime».

Un autre site anglais, Betabeat, cite de son côté un développeur extérieur qui a travaillé pour Facebook. Moins catégorique, il demeure néanmoins dubitatif: «il est tout à fait possible qu'ils (Facebook, NDLR) aient "merdé". Mais cela paraît peu probable qu'ils aient autant "merdé"».