Google vend des livres numériques en français. Depuis mercredi en France, Google Play Livres imite les autres librairies virtuelles de Google en Italie, en Espagne et en Allemagne, et a des répercussions jusqu'au Québec, où les éditeurs tardent toutefois à investir le marché émergent du livrel.

À travers l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), les éditeurs d'ici profiteront des retombées technologiques liées à l'utilisation, par certains grands éditeurs français et italiens, d'une plateforme numérique québécoise assurant leur présence sur Google Play Livres.

L'entreprise De Marque, qui a conçu cette plateforme, fournit automatiquement tous les outils de sa plateforme aux éditeurs québécois.

Aucun livre d'ici ne se retrouve toutefois parmi la centaine de milliers de titres de Google Play Livres. Même au Canada, seuls des livrels en anglais sont offerts. Que Google s'entende avec les éditeurs français, où une loi sur le prix des livres l'oblige à respecter les prix fixés par les éditeurs, pourrait changer la donne, selon Clément Laberge, vice-président de De Marque et conseiller rapproché de l'ANEL en matière de numérique.

«Les éditeurs québécois refusent de s'entendre avec Google et Amazon, car ceux-ci désirent fixer les prix eux-mêmes. L'arrivée de Google en France signale son intérêt envers des marchés non anglophones, au point où elle consent à se plier à un modèle d'affaires différent du sien», dit-il.

Vu la taille du marché du livre numérique au Québec, M. Laberge doute que les éditeurs puissent à eux seuls faire plier Google ou Amazon. Ce dernier s'est imposé comme meneur incontesté du numérique grâce à sa liseuse Kindle, ainsi qu'à une stratégie de livrels à bas prix qui fait peur à l'industrie québécoise.

«Pour que le livre numérique décolle réellement, il faudrait que le gouvernement accélère sa revue de la Loi du livre afin d'encadrer la vente de livres numériques, comme en France. Avec les rumeurs d'élections à l'automne, je ne me fais pas d'illusion là-dessus», déplore l'homme d'affaires de Québec.

Du contenu à temps pour la Nexus 7

En France, le lancement de la librairie numérique tombe à point pour Google. Elle survient un mois après une entente avec les éditeurs français concernant la numérisation d'oeuvres épuisées sous forme imprimée. Elle coïncide avec la livraison imminente des premiers exemplaires de sa tablette Nexus 7, la réplique officielle de Google à l'iPad, d'Apple.

Malgré une longue liste de prétendants avec le système d'exploitation Android, l'iPad est toujours en tête du marché des tablettes, avec plus des deux tiers des ventes. La haute direction d'Apple se plait à rappeler que sa tablette se distingue par son contenu diversifié, accessible dans plus d'une centaine de pays.

La Nexus 7 et Google Play visent manifestement à briser cette perception.

«Les livres sur Google Play sont un exemple de choix et de variété. Nous offrons de nombreux titres ainsi que plusieurs façons d'y accéder, peu importe où que vous soyez dans le monde», a d'ailleurs résumé hier Philippe Colombet, qui dirige les opérations liées aux livres chez Google France.