Dans l'«arène» Facebook où un grand nombre d'entrepreneurs se cassent les dents en tentant de profiter des retombées mirifiques du géant du net, des start-up françaises ont réussi à percer et à s'installer, espérant même prospérer à la veille de l'entrée du site en bourse.

«Les barrières à l'entrée sont très importantes», résume à l'AFP Alban Peltier, président de l'éditeur d'applications AntVoice, créé en janvier 2011, et qui revendique 50 millions d'applications Facebook installées dans le monde, proposant par exemple de décrypter la signification de votre prénom, ou de vous rappeller le hit-parade du jour de votre naissance.

«Nous sommes parmi les trois seuls, avec Kobojo et Ubisoft (éditeurs de jeux français, ndlr), à compter plus de 2 millions d'utilisateurs actifs», a-t-il mis en avant lors d'un débat organisé par l'association Leonardo mercredi.

«Bien sûr, toutes les entreprises peuvent aller sur Facebook, mais le ticket d'entrée est de 15/20 millions d'euros d'investissement, et pour réussir il faut aussi être sur le bon créneau au bon moment. Ou alors être choisi par Facebook, comme par exemple le site Spotify (le site suédois de musique en ligne)» souligne Alban Peltier.

«Les barrières sont particulièrement lourdes pour le monde des applications, mais pour les médias c'est différent dans le sens où c'est plus simple de créer son propre blog et de communiquer, mais ensuite très compliqué de générer beaucoup de trafic et de pouvoir en vivre», souligne à l'AFP Maxime Barbier, 27 ans, cofondateur de MinuteBuzz.

MinuteBuzz, lancé en novembre 2010, propose un condensé d'informations «de ce qu'il faut savoir pour la génération connectée, du sérieux comme du divertissement», et a dépassé le million de visites mensuelles. En février, 517 000 visites ont été générées par Facebook.

Quand on est élu, les chiffres sont astronomiques

Pour lui, Facebook est «comme une énorme arène où tout le monde a sa chance, mais il y a très peu d'élus».

«On a eu la chance de lever les fonds pour évoluer. En tant que média, il faut faire des millions de pages vues avant de gagner quelque chose. La barrière, elle est là en fait, mais quand on est élu, les chiffres sont astronomiques», souligne Maxime Barbier.

Pour mettre un pied dans Facebook et surtout y perdurer, il faut aussi «respecter et comprendre ses codes»: «on vient de cet écosystème, on a Facebook dans notre ADN et on fait partie d'une génération qui a besoin des réseaux sociaux», ajoute-t-il.

«Le temps passé sur Facebook est de 11H par mois en moyenne» par internaute, rappelle de son côté Nicolas Stehle, fondateur de Pepita, qui aide notamment les entreprises à faire du e-commerce.

«Il faut aussi savoir qu'en Europe, le "F-commerce", soit le commerce via Facebook, accuse un retard de deux ans, car le phénomène Facebook est arrivé deux ans après son succès aux États-Unis», rappelle-t-il.

Autre start-up française qui a percé le système Facebook, Tigerlily, plate-forme destinée au grands groupes pour gérer leurs actions marketing sur les réseaux sociaux.

«Disneyland nous a par exemple demandé de faire "parler" chaque semaine sur Facebook et Twitter vingt de ses personnages, et il fallait donc s'adresser à une communauté de 1,5 millions de fans répartis dans 12 pays et en 15 langues», raconte Matthieu Chéreau, PDG de Tigerlily.

«Facebook a créé une matrice du web, c'est un web dans le web, et s'en passer est quasi impossible. Facebook est dépendant de son écosystème, mais la dépendance marche dans les deux sens, c'est un doux rapport de force et de séduction», résume Alban Peltier.

Facebook a déposé début février le dossier de ce qui s'annonce comme la plus grosse introduction en Bourse jamais réalisée par une entreprise internet, susceptible de lever 5 milliards de dollars.