La chancelière Angela Merkel et la présidente du Brésil Dilma Rousseff ont ouvert lundi le salon des technologies de l'information et de la communication de Hanovre (Cebit), dominé par les enjeux de sécurité autour du «cloud computing», l'informatique dématérialisée.

Le président du conseil d'administration de Google Eric Schmidt, invité à prononcer le discours inaugural de ce salon qui se déroulera du 6 au 10 mars, a vanté les mérites d'internet face à la censure.

«Quarante pays ont aujourd'hui mis en place une censure de l'internet, contre quatre il y a dix ans», a-t-il rappelé, en assurant que cette censure ne pourrait résister longtemps face à l'information sur le web, qui est «comme l'eau» et «s'infiltre partout».

«Le web sera tout et ne sera rien. Il sera comme l'électricité», a-t-il prédit.

La chancelière Angela Merkel a estimé que «plus quelque chose est évident comme l'électricité qui sort de la prise sans que l'on se demande d'où elle vient, plus la confiance est importante».

Aucun des deux n'a évoqué un sujet particulièrement épineux. Les partis de la majorité gouvernementale en Allemagne viennent de s'entendre sur un projet de loi souvent qualifié de «lex Google», qui forcerait le géant américain à rétribuer les grands éditeurs de journaux dont le contenu est référencé par son service «Google actualités».

La présidente brésilienne Dilma Rousseff, dont le pays est l'invité d'honneur du Cebit, a mis en garde contre «l'exclusion numérique», en estimant que «les bénéfices (de l'accès aux nouvelles technologies) ne devaient pas être réservés à un petit nombre».

Avant la cérémonie officielle, les professionnels allemands du secteur avaient affiché un optimisme sans faille.

Le marché allemand de l'électronique grand public, des télécommunications et des technologies de l'information devrait cette année progresser de 1,6% pour atteindre 151 milliards d'euros, a indiqué la fédération du secteur, Bitkom.

«La crise de la dette en Europe ne touche pas jusqu'ici le marché allemand», a déclaré Dieter Kempf, président de la fédération.

Cette bonne santé se ressent sur la fréquentation du Cebit, axé surtout sur les relations entre professionnels, et moins grand public que les CES de Las Vegas et autres Mobile World Congress de Barcelone.

Les organisateurs attendent une progression de 2% du nombre des exposants, à 4200 au total, pour l'édition 2012.

Cette édition sera placée sous le signe du «cloud computing» ou informatique dématérialisée, avec un accent particulier sur la sécurité des données privées ou professionnelles gérées via cette technologie.

L'informatique en nuage consiste à travailler avec des données et logiciels confiés à l'internet, et non stockés sur l'ordinateur familial ou le serveur de l'entreprise.

Ce marché à la croissance exponentielle devrait cette année dépasser pour la première fois un volume de 100 milliards de dollars, selon la société d'études spécialisée Gartner.

L'enjeu pour les prestataires de ce type de services est de lever les craintes que suscite encore cette informatique complètement virtuelle, surtout chez les particuliers, et les petites et moyennes entreprises.

Le patron de l'opérateur allemand de télécommunications Deutsche Telekom, René Obermann, table sur une stratégie particulière pour rassurer: offrir de stocker les données sensibles sur des serveurs situés en Allemagne, et donc soumis à une législation très stricte.

«Le "nuage allemand" est pour nous un facteur de compétitivité», a dit M. Obermann, rappelant que seulement 12% des quelque 3,6 millions de PME allemandes avaient jusqu'ici osé sauter le pas de l'informatique dématérialisée.