Une autorité française de régulation a estimé mardi que les nouvelles règles de confidentialité que Google veut imposer le 1er mars n'étaient pas satisfaisantes et a réitéré sa demande au géant américain d'«un report de la mise en oeuvre des nouvelles règles».

«L'analyse préliminaire montre que ces nouvelles règles ne respectent pas les exigences de la directive européenne sur la protection des données en termes d'information des personnes concernées», écrit la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), désignée par ses homologues européennes pour procéder à l'analyse des nouvelles règles de confidentialité de Google.

Google a assuré qu'il s'engageait à protéger les données personnelles de ses utilisateurs, mais les internautes devront accepter cette nouvelle charte pour continuer à utiliser leurs comptes. En vertu de ces nouvelles règles, Google pourra regrouper les informations provenant de plusieurs services, autrefois séparés, et disposer ainsi d'une vision globale des utilisateurs.

Concrètement, la refonte entraîne la fusion de quelque 60 règles d'utilisation en une seule, destinée à régir la quasi totalité des produits Google, comme la messagerie électronique Gmail et le réseau social maison Google+.

«Nous sommes convaincus que nous avons trouvé un juste équilibre» avec les différentes recommandations de l'Union européenne : «"rationaliser et simplifier" nos politiques, tout en fournissant "une information complète" aux utilisateurs», a assuré Peter Fleischer, responsable de la protection des données personnelles chez Google, dans une déclaration écrite transmise à l'AFP.

«Au lieu d'améliorer la transparence, la formulation des nouvelles règles et la possibilité de combiner des données issues de différents services soulèvent des inquiétudes et des interrogations sur les pratiques réelles de Google. Avec les nouvelles règles, Google pourra suivre et associer une grande partie des activités des internautes, grâce à des produits comme Android, Analytics» et «ses services de publicité», estime pour sa part la Cnil.

«Par exemple, les nouvelles règles autoriseraient Google à afficher sur YouTube des publicités liées à l'activité de l'utilisateur sur son téléphone Android (numéro de téléphone, numéros appelants, heure et durée des appels) et à sa localisation», ajoute la Cnil.

La Cnil rappelle que «Google représente plus de 80% du marché européen des moteurs de recherche, environ 30% du marché européen des téléphones multifonctions, 40% du marché mondial de la vidéo en ligne et plus de 40% du marché mondial de la publicité en ligne».

Le responsable de Google affirme avoir «à plusieurs reprises proposé au cours des derniers mois» aux membres de la Cnil de «les rencontrer afin de répondre aux questions qu'ils pouvaient avoir» et être «toujours ouvert à cet échange».

«Nous avons à coeur d'offrir à nos utilisateurs une expérience optimisée avec les services de Google et de rendre nos engagements en matière de confidentialité faciles à comprendre», ajoute Peter Fleischer.

En mars 2011, la Cnil a infligé une amende de 100 000 euros à Google pour avoir collecté des données privées à travers son programme controversé Street View.