Selon le cofondateur de Twitter, un gouvernement ne devrait pas imposer des règles à quelque chose qu'il ne comprend pas.

Biz Stone, cofondateur de Twitter, ne croit pas que les gouvernements devraient s'immiscer dans la sécurité de l'internet, comme souhaite le faire Ottawa avec son projet de loi C-30. En entrevue avec La Presse, hier, il a dit que le web pouvait très bien s'autodiscipliner.

«Je n'ai rien contre l'idée qu'un gouvernement veuille s'engager dans l'internet, à condition qu'il soit présent à titre d'utilisateur engagé sur cette plateforme et qu'il soit à l'écoute des autres usagers. Mais si c'est pour imposer des règles à quelque chose qu'il ne comprend pas, ça n'a pas beaucoup de sens à mes yeux», a-t-il répondu à une question à propos de la notion de protection de la vie privée sur le web.

«Je crois beaucoup à la capacité du web à s'autodiscipliner, poursuit Biz Stone. L'internet est jeune et nous sommes encore à l'étape de l'apprentissage. J'ai l'impression qu'avec le temps, nous allons comprendre comment l'utiliser. Je vous donne un exemple personnel: si j'écris sur Twitter Je vais m'asseoir au bar de tel aéroport pour prendre un verre, cela peut être perçu comme une invitation et des gens voudront peut-être se joindre à moi. Si je veux être seul, je vais plutôt écrire: J'ai pris un verre à tel bar de l'aéroport. C'est une anecdote, mais elle montre comment j'ai modifié mon comportement afin de protéger ma vie privée. La société dans son ensemble doit faire le même exercice.»

Adepte de la transparence

Biz Stone se définit comme un adepte de la transparence. «Je crois que les entreprises, comme les individus, vont corriger le tir lorsque ce sera nécessaire. Aujourd'hui, les usagers ne se gênent pas pour dire ce qu'ils pensent et pour définir les changements qu'ils souhaitent voir. Les entreprises vont devoir être à l'écoute et réagir. C'est la même chose pour les personnes. Il suffit que quelqu'un écrive une stupidité ou une fausseté pour que les autres réagissent et apportent une correction.»

Biz Stone sera de passage dans la métropole mercredi prochain, à l'invitation de la chambre de commerce du Montréal métropolitain, pour parler du rôle de l'information et des médias sociaux dans notre société. Nommé entrepreneur de la décennie par le magazine Inc., Biz Stone a également été choisi parmi les personnalités les plus influentes du monde par le TIME Magazine. Le magazine Forbes vient quant à lui de nommer Twitter l'une des entreprises les plus innovatrices des États-Unis.

Nouveau père - son fils est né en novembre dernier -, Biz Stone s'est retiré de la gestion quotidienne de Twitter pour se consacrer à de nouveaux projets. Il travaille désormais au sein de l'incubateur Obvious - celui-là même qui a lancé Twitter - et parraine des sociétés en démarrage avec une composante sociale, pas seulement financière.

«Je crois qu'il est possible d'utiliser tous les nouveaux outils à notre disposition pour avoir un impact réel dans la société, explique l'entrepreneur. Pour l'instant, je cherche surtout quels problèmes dans le monde auraient besoin de l'aide de gens intelligents et déterminés.»