La ville de New York, qui a fêté vendredi l'annonce d'une expansion des bureaux de Facebook à Manhattan, affiche son intention de devenir «la capitale des hautes technologies», vantant l'expansion d'un secteur surtout identifié jusqu'ici à la Californie.

«Nous sommes bien partis pour réaliser notre but, qui est de devenir le centre mondial numéro un pour l'informatique et les médias sociaux», a affirmé le maire Michael Bloomberg.

«Beaucoup d'entreprises de la côte Ouest comme Facebook se rendent compte qu'il faut être à New York, et nous abritons un nombre croissant d'entreprises qui réussissent et qui sont nées ici», a-t-il ajouté.

Certains gros groupes internet, comme IAC de Barry Diller, sont installés depuis longtemps à New York, qui a un temps revendiqué l'existence d'une «Silicon Alley» - une allusion à la Silicon Valley, ou vallée du silicium, la région située au sud de San Francisco où sont installés des géants comme Hewlett-Packard, Intel, Oracle, Apple et Google.

Mais depuis 2005, c'est une prolifération d'entreprises plus modestes qui donnent surtout à New York sa réputation de centre bouillonnant d'innovation: le site de géolocalisation Foursquare, le site de ventes privées Gilt, le site de microblogues illustrés Tumblr, le site de ventes de produits artisanaux Etsy, et la société de publicité en ligne Admeld, en passe de se faire acheter par Google: toutes ces sociétés sont nées et ont prospéré à New York depuis cinq ans.

«Certaines mesures montrent que nous avons plus d'employés du secteur de la high tech ici, dans la région de New York, que dans toute autre région du pays, à peu près 300 000 hommes et femmes, plus que dans la Silicon Valley et à Boston», a assuré le sénateur de New York Charles Schumer.

«C'est vraiment fantastique de voir à quel point le secteur technologique s'est développé à New York, rien que sur les trois dernières années», reconnaît Jonathan Bowles, le directeur du «Centre pour un avenir urbain», un centre de réflexion indépendant sur le développement économique et social de la ville.

New York a des atouts: la ville est championne de la mode et de la publicité, thèmes dominants de nombreux nouveaux sites internet, tout comme de la finance, socle de l'empire de terminaux de marchés Bloomberg.

Aujourd'hui, la ville a atteint un seuil critique, où les entreprises du secteur en attirent d'autres.

«Il se trouve qu'on travaille pour Facebook», a expliqué vendredi Mike Schroepfer, vice-président de l'ingénierie de Facebook. «Mais on veut rencontrer et échanger des idées, des pratiques, avec des gens qui font le même genre de travail».

«Ce sentiment de communauté est un des carburants qui ont fait de la Silicon Valley une réussite, et c'est clair que ça existe aussi à New York, c'est pour ça qu'on est là», a-t-il ajouté.

Autre signe de cet essor, le site musical suédois Spotify a choisi d'ouvrir son bureau américain non pas sur la côte Ouest, mais à New York.

Parallèlement, souligne M. Bowles, «des sociétés californiennes de capital risque ont ouvert des bureaux à New York», comme Tech Stars, une société californienne spécialisée dans le financement et la formation professionnelle pour les entrepreneurs du secteur.

Le maire mise aussi gros sur les high-tech: il offrira en janvier des terrains inutilisés appartenant à la ville à l'université qui les voudra, pour y créer un nouveau campus de sciences appliquées. Stanford, pépinière de talents de la high-tech en pleine Silicon Valley, est au nombre des sept établissements candidats.

Cela dit, relativise l'analyste Lou Kerner, chez LiquidNet, «New York continue à perdre des points face à la Silicon Valley» en terme de créations de richesses liées aux technologies. «L'innovation est au coeur de la culture de la Silicon Valley, alors qu'elle reste un accessoire - en croissance - de New York».