Le site internet Facebook espérait mardi avoir tourné la page des polémiques sur la confidentialité des données de ses membres, après un accord avec les autorités américaines qui l'engage à mieux communiquer avec ses usagers et à se soumettre à des audits pendant 20 ans.

«Le règlement proposé suppose que Facebook prenne plusieurs mesures pour s'assurer qu'il honore ses promesses à l'avenir, y compris (....) en demandant le consentement explicite des consommateurs avant que leurs informations soient partagées au-delà de ce qui est prévu par leurs règles de confidentialité», a expliqué la Commission fédérale du commerce (FTC) dans un communiqué.

Le PDG et co-fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a convenu mardi sur le blogue de sa société avoir commis «un paquet d'erreurs». Notamment «une mauvaise mise en oeuvre quand nous avons changé notre modèle de confidentialité il y a deux ans», a-t-il dit.

Ces erreurs ont «souvent éclipsé une grande partie du bon travail que nous avons fait», a-t-il ajouté.

Facebook, un géant qui revendique plus de 800 millions d'utilisateurs dans le monde, devra notamment obtenir l'approbation des internautes avant de changer la façon dont leurs données sont communiquées, et se soumettre à des audits indépendants sur ses pratiques en la matière pendant 20 ans.

«J'ai l'espoir que cet accord montrera clairement que Facebook est leader quand il s'agit de proposer aux gens de contrôler l'information qu'ils mettent en ligne», a déclaré M. Zuckerberg.

Cet accord, similaire à des règlements déjà acceptés par Google et le site de microblogs Twitter, est la conclusion d'une procédure engagée à la suite d'une plainte déposée en décembre 2009 par plusieurs associations de défense de la confidentialité des données, mécontentes que de nombreuses informations personnelles soient par défaut ouvertes au public sur le site de Facebook. Entre autres conséquences, ce réglage par défaut fournissait une mine de renseignements aux spécialistes du marketing et de la publicité.

Facebook renforce sa politique de confidentialité au moment où, selon le cabinet eMarketer, la part de son chiffre d'affaires tiré de la publicité est en régression: elle devrait représenter 89% de ses quelque 4,27 milliards de dollars de revenus cette année, contre 95% en 2009.

L'un des critiques virulents de Facebook, le Centre pour la démocratie numérique, a «applaudi» la FTC pour avoir lancé la procédure et obtenu ces engagements de la jeune société californienne.

Mais son directeur Jeff Chester a aussi estimé que Facebook devait être puni pour ses actions passées. La direction «a trompé les consommateurs et devrait payer un prix, au-delà d'un accord sur 20 ans pour gérer ses activités de façon plus correcte», a-t-il fait valoir.

«Nous appelons Mark Zuckerberg et le conseil d'administration de Facebook à assumer leur responsabilité», a-t-il précisé, estimant qu'«ils devraient démissionner et être remplacés par des responsables connus pour leur engagement pro-confidentialité».

M. Zuckerberg, 27 ans, s'est contenté d'annoncer la création de deux nouveaux postes de cadres dirigeants: Erin Egan, une avocate spécialiste de ces questions embauchée il y a quelque mois, prend le titre de «directrice de la confidentialité», tournée vers les relations avec les autorités de régulation, les parlementaires et les experts.

Michael Richter prend le titre de «directeur de la confidentialité, (chargé des) produits», afin d'assurer que cette dimension soit prise en compte dès la conception des nouvelles fonctionnalités du site.

Au Congrès, le sénateur démocrate John Kerry a salué un accord qui «renforce les droits à la confidentialité des consommateurs dans un environnement technologique de plus en plus complexe». Son collège John Rockefeller a estimé qu'une nouvelle loi restait nécessaire.