L'américain Google a étendu cette semaine à la France une mise à jour de son moteur de recherche qui inquiète des sites comme les comparateurs de prix, désavantagés par le nouveau système de classement.

Google a lancé le 12 août en France «Panda», la dernière mise à jour de son algorithme ultra-secret qui détermine, lors d'une recherche, l'ordre des résultats qui s'affichent en premier à l'écran, et donc la visibilité d'un site web par rapport aux autres.

La nouvelle version vise «à promouvoir les contenus de qualité: les sites originaux, fouillés, avec une mise en page lisible et qui répondent mieux aux résultats de recherche», souligne-t-on chez le géant américain.

Google, qui totalise plus de 90% des recherches sur internet en France, fait valoir que les internautes iront voir ailleurs le jour où le moteur de recherche cessera de produire des résultats qui les intéressent.

Depuis sa création en 1998, l'algorithme a dû suivre l'évolution du web et même prendre de l'avance. Ainsi, rien qu'en 2010, Google a fait 500 modifications mineures. Mais «Panda inquiète un peu plus, car la modification est plus conséquente», explique-t-on chez Google.

Selon Google, Panda a provoqué une montée ou une descente dans l'ordre d'affichage pour 6 à 9% des sites internet en France. L'impact est moindre qu'aux États-Unis, où 12% des résultats ont été affectés par la mise à jour.

De l'aveu même de Google, «le corollaire, c'est que quand il y a des gagnants dans le référencement, il y a aussi des perdants».

Les nouveaux critères touchent en effet particulièrement certains types de sites comme les comparateurs de prix, ou les «fermes de contenus» qui repèrent les mots-clés les plus recherchés sur internet et produisent des articles sur ces thèmes en se finançant grâce à la publicité ciblée.

Selon une étude Ranking Metrics publiée mardi, ce sont les sites producteurs de contenus à la demande wikio.fr (-55%) et de comparaison de prix Ciao.fr (-51%) qui ont connu les plus gros effondrements de leur visibilité sur Google le jour même de la mise en place de Panda en France par rapport au 24 juillet précédent.

Dans le même temps, priceminister.com (+21%), amazon.fr (+20%) et cdiscount.com (+19%), voyaient leur visibilité augmenter sur Google, selon la même étude.

«Google a fait le ménage comme il le fait régulièrement», explique Frédéric Montagnon, dirigeant marketing du groupe Wikio, dont le trafic a chuté de 40% cette semaine par rapport à la précédente.

«Si on n'avait comme seul business le portail Wikio, on serait préoccupé», mais le groupe diversifié a vu dans le même temps augmenter l'audience de ses autres sites, blogs et médias sociaux, explique-t-il.

Il souligne toutefois l'inquiètude légitime de ceux qui n'ont qu'une seule activité dans leur portefeuille et «dont l'algorithme vient, du jour au lendemain, modifier la structure du trafic», comme les comparateurs de prix.

«Il n'est pas vrai que les comparateurs de prix chutent tous du fait de Panda, certains en ont profité», se défend Google. Le groupe américain indique également «ne pas chercher à mettre en avant ses propres sites» grâce à Panda, comme cela lui est reproché par des concurrents.

«J'aimerais qu'une étude externe démontre que les utilisateurs sont effectivement plus satisfaits de ces changements», rétorque M. Montagnon, selon qui les grands gagnants de cette mini-révolution «sont YouTube et Blogger, des sites Google».

Olivier Andrieu, auteur du livre «Google Panda: Comprendre, Analyser, Agir», qui estime que Panda est un «filtre» utilisé et lancé manuellement pour «nettoyer» les résultats du moteur de recherche, calme toutefois le jeu sur son blog. Il rappelle que «les résultats de positionnement sur Google sont extrêmement fluctuants en France depuis le mois de mars, alors que Panda n'avait pas encore été lancé».