Le marchand de journaux cédera-t-il la place au «kiosque numérique» permettant de télécharger quotidiens et magazines sur tablettes ou smartphones? La pratique, embryonnaire, se développe rapidement, offrant un nouveau mode de diffusion à une presse écrite en difficulté.

Un kiosque en 3D, autour duquel on peut tourner virtuellement pour choisir ses magazines parmi 550 titres de presse: c'est ce que propose lekiosque.fr, société créée par quatre jeunes passionnés d'internet, présente depuis janvier sur l'iPad, la tablette d'Apple.

Pour 14,05 $ par mois, le client peut lire sur sa tablette dix journaux de son choix, parmi une offre essentiellement de magazines (L'Express, Paris Match...) et quelques quotidiens (La Tribune, Le Parisien...).

Parmi les autres acteurs du marché français, l'Américain Zinio ou Relay.com, le géant du secteur, version numérique des kiosques Relay lancée par HDS Digital (groupe Lagardère).

Présent sur tous types de tablettes et smartphones, Relay.com propose un choix de 450 titres, avec des forfaits: 14,05 $ pour dix magazines par mois, 27,99 $ pour un choix illimité.

Les grands titres français s'y mettent. Huit éditeurs de presse -cinq quotidiens (L'Équipe, Le Figaro, Libération, Le Parisien et Les Echos) et trois magazines (L'Express, Le Point et le Nouvel Observateur)-, ont lancé fin juin sur iPad leur propre kiosque, ePresse.

Ces kiosques, qui épargnent aux éditeurs le lourd coût du papier, connaissent une rapide croissance, dans le sillage de l'explosion des tablettes: plus d'un million d'entre elles devraient se vendre cette année contre 435 000 en 2010, selon l'institut GfK.

«On est sur un marché naissant, qui fait moins de 1% du marché physique. Mais ce sont des rythmes de croissance vraiment très forts», explique Aymeric Bauguin, directeur général d'HDS Digital.

Lekiosque.fr revendique une augmentation de 50% par mois de son chiffre d'affaire, et Relay.com d'environ 15% par mois. Son activité a triplé en un an.

L'idée est aussi de développer des offres différentes, adaptées aux nouveaux supports.

«On est convaincus qu'il va y avoir un basculement des modes de lecture, et que ça se fera via un service technologique performant et très simple d'utilisation», souligne Michaël Philippe, l'un des fondateurs du kiosque.fr.

L'innovation se veut technologique -rapidité d'accès, convivialité- mais aussi commerciale.

«Notre conviction, c'est qu'en numérique, il faut inventer de nouveaux modes de commercialisation pour la presse», tels que les forfaits ou l'illimité, estime Aymeric Bauguin.

Au final, «le consommateur dépense 28 $ pour acheter de la presse par mois», alors que «le panier moyen de dépenses de presse dans le monde physique est de 9,80 $», souligne-t-il.

Pour Frédéric Filloux, directeur général du GIE ePresse Premium, ces offres ne sont cependant pas forcément très intéressantes financièrement pour les journaux, car «ils sont sous les fourches caudines d'Apple ou des kiosques», qui «prennent des pourcentages assez élevés». D'où l'idée de créer ePresse, qui doit «rapporter davantage aux éditeurs».

Les journaux misent aussi sur leurs offres propres, avec des contenus enrichis.

«Les kiosques, ça apporte quelques chose mais ce n'est pas de là que viendra le développement numérique, c'est des titres eux-mêmes», juge Patrick Bartement, directeur général de l'OJD, l'organisme chargé de contrôler la diffusion de la presse.