Les Pays-Bas sont devenus le premier pays en Europe à inscrire dans la loi la neutralité de l'internet afin d'empêcher les fournisseurs d'accès de faire payer ou de bloquer l'utilisation d'applications de téléphonie par internet telles que Skype.

«Nous voulons que tout le monde puisse avoir accès à tout le contenu sur internet sans devoir passer par l'intermédiaire des opérateurs ou des fournisseurs d'accès», a expliqué à l'AFP le député centriste Kees Verhoeven.

Celui-ci a introduit l'amendement sur la neutralité de l'internet dans le cadre d'une modification plus large de la loi néerlandaise sur les télécoms adoptée mercredi.

La mesure, approuvée par une large majorité de députés, a été accueillie fraîchement par les opérateurs de télécoms, qui ont suggéré que cette décision pourrait entraîner une hausse des prix des abonnements à internet.

L'accès à des «services importants» est désormais protégé, s'est félicitée de son côté l'association de défense des droits des consommateurs néerlandais Consumentenbond.

«Les petites sociétés qui débutent, qui veulent innover, vont pouvoir se lancer sans qu'on ne leur mette des bâtons dans les roues», assure en outre Ot van Daalen, de l'organisation néerlandaise de défense des «droits des citoyens sur internet», Bits of Freedom.

«Si un tel blocage avait été en place au moment où Skype a commencé, Skype ne serait jamais devenu ce qu'il est aujourd'hui», soutient-il.

La nouvelle législation n'empêche toutefois pas les opérateurs de faire payer leurs clients en fonction de la rapidité de la connexion proposée ou de la quantité de données transférées.

Le Chili avait été le premier pays au monde à promulguer, en août 2010, une loi garantissant la neutralité de l'internet.

«C'est une étape concrète pour avoir une meilleure transparence sur le marché des bandes larges et stimule la concurrence pour la qualité des services», avait soutenu le ministre chilien des Transports et des Télécommunications Felipe Morandé.

En France, une proposition de loi du Parti socialiste (PS) sur la neutralité de l'internet a été rejetée le 1er mars par l'Assemblée nationale.

Les Pays-Bas ont été plus loin dans leur législation que ce que demande la Commission européenne. Celle-ci exige en effet des Etats membres qu'ils inscrivent dans la loi l'obligation des fournisseurs d'accès d'informer «de manière complète et précise», avant la signature d'un contrat par un client, des éventuelles restrictions d'accès à certaines services.

«Nous espérons que d'autres pays en Europe vont suivre les Pays-Bas», souligne M. Verhoeven.